Les romans du désenchantement marquent un nouveau tournant dans la littérature africaine. En effet, après les années 1960, les romanciers africains francophones tentent de rompre avec les problématiques directement liées à la colonisation pour traiter du chaos post-colonial. Cette écriture plus contemporaine choisit de se situer entre un passé colonial révolu mais presque toujours présent, et un avenir hypothétique, celui des indépendances qui se transforment parfois en véritable autocratie. C'est dans un contexte que paraissent les œuvres Les Soleils des indépendances, Tribaliques et Le Mandat.
Dans son texte magistral, Les Soleils des indépendances (1968), Ahmadou Kourouma retrace l'itinéraire de Fama, prince déchu réduit à la misère qui vit d'expédients et ressasse son mécontentement dans d'interminables palabres avec ses frères de race, les Malinkés.
Dans son recueil de nouvelles, Tribaliques (1971), Henri Lopes dénonce le néocolonialisme qui sévit encore dans les contrées africaines, plus précisément le(s) État(s) africain(s) dont les indépendances ont été proclamées depuis les années 1960. Au contraire de son confrère, le texte d'Henri Lopes est un violent réquisitoire contre les tenants d'un pouvoir autocratique, l'auteur s'insurge contre l'impunité et la totale puissance dont jouissent ces maîtres du pouvoir.
L’œuvre d'Ousmane Sembène, Le Mandat (1968), narre la trajectoire d'un chômeur dakarois qui, un jour, reçoit un mandat dont il ne bénéficiera pas à cause d'un commissaire véreux qui l'empochera.