Le théâtre africain francophone

Le théâtre africain d'expression française existe bel et bien et les productions littéraires sont abondantes. En effet, le fait d'appartenir à une civilisation orale inscrit d'emblée le théâtre au coeur de la vie quotidienne, et il foisonne d'inventivité et d'imagination. Ce théâtre a la particularité d'être à la fois synthétique et populaire. C'est donc deux générations que l'on retrouve sur les planches, notamment le "théâtre classique" et le "théâtre contemporain".

En littérature africaine francophone, le genre théâtral joue également un rôle important dans le champ littéraire en ce sens qu'il traite des sujets liés au temps, faisant apparaître directement le vécu des hommes, et représentant des périodes importantes liées par exemple aux cultes des ancêtres, aux initiations ou encore aux naissances et mariages. Bien plus, ce théâtre mêle divers genres comme la comédie, l'épopée et la tragédie, et tend à rendre la vie plus réelle, rires et larmes se côtoient.

Les différents buts de ce théâtre sont clairement identifiés : il permet de consolider l'ordre de la communauté et de faire passer à ses membres des messages pédagogiques nécessaires à son maintien.

Comme le roman, le théâtre africain francophone est déterminé par trois grands mouvements qui correspondent à des sujets spécifiques.

Le premier mouvement, porté par des dramaturges tels que Massa N'Dao ou Djibril Tamsir Niane, consiste en la dénonciation du colonialisme par le truchement d'un jeu de rôle des acteurs, qui alternent entre revalorisation d'une histoire passée et restauration de l'image des sociétés ainsi que les personnages de la période pré-coloniale.

Le second mouvement interprète les conflits qui résultent de l'opposition entre tradition et modernité auxquels sont par exemple confrontés les personnages romanesques des romans de formation, (cas de Semba Diallo), les problèmes de dot et la question sensible de la polygamie, que l'on retrouve au cœur des premiers textes féminins (Exemple : Une si longue lettre de Mariama Bâ).

Le troisième mouvement enfin, qui repose surtout sur la critique des mœurs politiques, s'engage à stigmatiser la corruption, l'ambition politique et les inégalité sociales (aspect que l'on retrouve dans le roman d'Henri Lopès, ou encore Une Saison au Congo d'Aimé Césaire).

Engagé, le théâtre africain renoue avec sa tradition, c'est-à-dire qu'il continue de se manifester comme l'expression d'une conscience collective, celle de la "cité". Les dramaturges abordent ainsi clairement tous les problèmes qui minent la société et cherchent à proposer un ordre nouveau. Dans ce sens, il s'agit pour ces derniers de sensibiliser leur public afin de les guider dans une société en mutation.