1- Génèse et conception de la pièce théâtrale
Antigone est une pièce en un acte de Jean Anouilh. Comme il l'explique dans la préface de la première édition, Anouilh, qui admirait la pièce de Sophocle depuis son adolescence, trouve pendant la guerre que ses thèmes (l'individu qui se dresse contre des forces qui le dépassent) prennent un autre éclairage. Contrairement à l’auteur classique qui mettait en scène la lutte des hommes contre les dieux et le destin, Anouilh humanise le vain combat de ses personnages, les forces en présence étant tout ce qu'il y a de plus humaines : l'hypocrisie, l'égoïsme et l'orgueil.
Après la validation de l'administration allemande sur la censure, la pièce est pour la première fois mise en scène le 4 février 1944 au Théâtre de l’Atelier par André Barsacq.
La pièce est inspirée du mythe antique d'Antigone, la fille d'Œdipe, mais est écrite en rupture avec les codes de la tragédie grecque.
2- Résumé de la pièce théâtrale
Antigone est la fille d'Œdipe et de Jocaste (mère et épouse d'Œdipe), souverains de Thèbes. Après le suicide de Jocaste et l'exil d'Œdipe, les deux frères d'Antigone, Étéocle et Polynice, se sont entre-tués pour le trône de Thèbes. Créon, frère de Jocaste, est (à ce titre) le nouveau roi et a décidé de n'offrir de sépulture qu'à Étéocle et non à Polynice, qualifié de voyou et de traître. Il avertit par un édit que quiconque osera enterrer le corps du renégat sera puni de mort. Personne n'ose braver l'interdit et le cadavre de Polynice est abandonné au soleil et aux charognards.
Seule Antigone refuse cette situation. Malgré l'interdiction de son oncle Créon, elle se rend plusieurs fois auprès du corps de son frère et tente de le recouvrir avec de la terre. Ismène, sa sœur, ne veut pas l'accompagner car elle a peur de Créon et de la mort.
Antigone est prise sur le fait par les gardes du roi. Créon est obligé d'appliquer la sentence de mort à Antigone. Après un long débat avec son oncle sur le but de l'existence, celle-ci est condamnée à être enterrée vivante. Mais au moment où le tombeau va être scellé, Créon apprend que son fils, Hémon, fiancé d'Antigone, s'est laissé enfermer auprès de celle qu'il aime. Lorsque l'on rouvre le tombeau, Antigone s'est pendue avec sa ceinture et Hémon, crachant au visage de son père, s'ouvre le ventre avec son épée. Désespérée par la disparition du fils qu'elle adorait, Eurydice, la femme de Créon, se tranche la gorge.
3- Structure de la pièce théâtrale
Antigone de Jean Anouilh est résumée en trois grandes étapes caractéristiques d’une œuvre de théâtre (avec un prologue, spécifique aux pièces antiques) : l’exposition, le nœud et le dénouement.
- Le Prologue : Comme pendant la Grèce antique, cette entité nous présente les protagonistes de l’histoire et résume ce qui s’est passé avant.
Œdipe, roi de Thèbes et père d’Antigone, a été victime d’une malédiction qui touche toute sa famille : sans le savoir, il a tué son père et… épousé sa mère (et s’en est rendu compte après). Antigone est donc sa fille, mais aussi sa sœur. Après la mort du pauvre Œdipe, ses deux fils, Étéocle et Polynice (les frères d’Antigone) se sont entretués pour le trône, et c’est Créon, l’oncle d’Antigone, qui a fini par devenir souverain. Il a décidé de ne donner des funérailles qu’à Étéocle et pas à Polynice, considéré comme un traître, dont le corps restera à pourrir sur le sol (c’est ce qui pouvait arriver de pire à un Grec). C’est une punition terrible qu’Antigone n’accepte pas.
- L’Exposition : Antigone revient d’une escapade nocturne et se fait gronder par sa gentille nourrice. Elle refuse de dire ce qu’elle était en train de faire, mais on se doute qu’elle est allée enterrer son frère de ses propres mains.
Antigone discute ensuite avec son fiancé Hémon, qui lui ne se doute de rien. Elle lui annonce que même si elle l’aime, elle ne pourra jamais l’épouser.
Antigone finit par révéler à Ismène ce qu’elle a fait, même si elle n’a pas totalement terminé sa mission.
- Le Nœud : Créon découvre qu’Antigone est la coupable. Il essaie d’abord de la protéger, mais l’héroïne est déterminée et prête à récidiver.
D’un côté, le vieux sage Créon, qui invoque l’autorité des lois et le besoin de maintenir l’ordre.
De l’autre, la jeune Antigone rebelle, qui ne croit qu’en la justice morale et en son amour pour son frère, qui ne mérite pas un tel sort. Créon parvient presque à convaincre Antigone en lui révélant qu’Étéocle et Polynice n’étaient que des voyous.
- Le Dénouement : Hémon demande à Créon (son père) de pardonner à sa fiancée, mais celui-ci refuse.
Un peu plus tard, un messager vient annoncer à Créon qu’Antigone s’est pendue dans sa tombe, pour éviter une mort lente et douloureuse.