L'exploration philosophique de la sensibilité au XIXe siècle

À partir du début du XIXe siècle, la philosophie explore non plus seulement le domaine de la raison mais le domaine de la sensibilité. La réflexion se recentre progressivement sur les données psychologiques et intimes, en particulier :

Le rapport du moi avec le corps

Chez Maine de Biran

Dans ses Essais sur les fondements de la psychologie (1812), Maine de Biran développe une conception originale de la conscience de soi. Le moi ne prend conscience de lui-même que par le sentiment de l'effort, de la résistance que le corps oppose à ses mouvements volontaires.

Chez Schopenhauer

Dans Monde comme volonté et comme représentation (§ 18), Schopenhauer propose une double approche du corps. Le corps est non seulement perçu de l'extérieur comme un objet parmi les objets, mais de l'intérieur, par une intuition immédiate : les mouvements du corps sont le prolongement direct de ma volonté.

La conception de la conscience comme flux continu

Chez Bergson

Dans son Essai sur les données immédiates de la conscience, Bergson identifie la conscience à une durée hétérogène. Cette durée est formée de pensées et de sensations qualitativement différentes qui se suivent et s'interpénètrent dans un « progrès continu ».

Chez William James

Dans Essai d'empirisme radical (1912), William James révolutionne la conception traditionnelle de la conscience. La conscience n'est pas une spectatrice inactive de ses propres actes, mais s'identifie à eux.

Liens avec le courant littéraire

Cette conception philosophique n'est pas étrangère au courant littéraire qui s'est penché, par le procédé de l'introspection, sur les données du corps et de la conscience. Cette exploration porte sur les sensations intimes et la complexité de la mémoire, comme chez Proust et Virginia Woolf.

EN RÉSUMÉ