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Le théâtre négro-africain d'expression française

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Le théâtre traditionnel

1-Une expression des croyances religieuses et des mythes

Le théâtre en Afrique, comme l’a montré Bakary Traoré dans son ouvrage Le Théâtre négro-africain et ses fonctions sociales (1958), est né avec les croyances religieuses. En effet « le culte rendu aux dieux est l’occasion de manifestations où chants et danses se mêlent pour réactualiser et mimer les passions, les hauts faits des Ancêtres mythiques et divinisés ».

En fait, il existe dans la plupart des sociétés négro-africaines des manières diversement élaborées de célébrer, de ritualiser les grands événements de la vie, comme la naissance, la mort ou l’intronisation d’un roi. Ces manières sont autant de manifestations justement exprimées dans les formes qui privilégient la théâtralisation.

2- L’espace et le temps

  • L’espace : c’est un théâtre qui se pratique dans un espace libre ; aucune exclusive, car tout le monde est en mesure de participer. Il n’y a pas à proprement parler de mise en scène ; le public est intégré dans le jeu des acteurs, puisque entre ces derniers et les spectateurs, il n’y a aucune barrière.

  • Le temps : Il n’est pas limité. Contrairement au théâtre occidental où le temps de la fiction doit rencontrer le temps réel, celui-ci dans le théâtre négro-africain se dilate, et cela, par rapport à la durée de la manifestation, d’autant que rien ne conditionne le temps de la représentation, le temps du jeu.

La naissance du théâtre négro-africain moderne

1- Le théâtre des missionnaires

Les missionnaires chrétiens, à l’époque coloniale, vont utiliser à des fins de propagande religieuse la propension des africains à la théâtralisation. Ils initient, pour détruire tout art indigène lié à l’animisme et aux civilisations négro-africaines, un théâtre moral et éducatif, un théâtre qui reproduit les scènes de la Bible. Ce qui était une manière de faciliter le processus de christianisation et de servir en même temps la politique d’assimilation et de déracinement de l’administration coloniale.

2- Le théâtre de l’école William Ponty

C’est un théâtre qui est né avec Charles Béart, directeur en 1939 de l’École Normale de Bingerville (en Côte d’Ivoire), et trois mois plus tard, de l’École William Ponty. Béart va ainsi s’intéresser aux talents dramatiques de ses élèves africains, en les invitant à monter des spectacles en rapport avec les traditions et les rites de leurs milieux d’origine.

En effet, pendant les vacances scolaires, ils interrogent les vieillards et les sages, recueillent les légendes et les traditions. De retour à l’école, ils discutent sur le choix du thème le plus scénique, le plus transposable en français, mais aussi le plus proche du goût européen.

Pour le mettre en scène, ils s’entourent des conseils du Directeur et des professeurs chargés de l’orientation de ce théâtre.

Parmi les pièces qui ont le plus été jouées, il y a :

  • La dernière entrevue du roi Béhanzin et de l’explorateur Bayol (représentée en 1933)
  • Le mariage de Sika (représentée en 1934)
  • La ruse de Diégué (1948)

Les orientations du théâtre négro-africain contemporain

1- L’exploitation de l’expression dramatique

À l’image du théâtre occidental, le théâtre africain contemporain est marqué au niveau de l’inspiration par une volonté nette de mieux exploiter l’expression dramatique.

En effet, la présence dans le texte du dramaturge d’indices qui doivent orienter la représentation (actes ou tableaux, scènes ou autres indications scéniques) montre aujourd’hui qu’un nouveau théâtre est né en Afrique. En même temps qu’il s’intègre de plus en plus, au niveau des techniques, dans le théâtre des sociétés occidentales, ce théâtre se fait d’une manière décisive l’écho des situations actuelles du continent.

2- La recherche thématique

Le théâtre négro-africain contemporain connaît, sur le plan thématique, essentiellement quatre orientations :

  • Le théâtre historique

Il met en scène les héros de l’histoire africaine et propose essentiellement des modèles politiques :

Exemples de pièces :
La Mort de Chaka (1962) de Seydou Badian
Les derniers jours de Lat-Dior (1968) de Amadou Cissé Dia
L’Exil d’Alboury (1967) de Cheik Aliou Ndao

  • Le théâtre social

Il fait une représentation des conflits existant entre la Tradition et le Modernisme :

Exemples de pièces :
Trois prétendants, un mari (1968) de Guillaume Oyono-Mbia
Le sang des Noirs pour un sou (1972) de Elebe Lisembe

  • Le théâtre philosophique

Il traite du destin de l’homme, reconstitue les mœurs et les traditions, les conflits et les angoisses. C’est un théâtre didactique, fortement inspiré de l’existentialisme, ce courant de pensée qui veut que l’homme, pour donner un sens à la vie, compte sur lui-même, sur sa responsabilité, sur la liberté de ses engagements.

Exemple de pièce :
La Dérive ou la chute des points cardinaux (1973) de F. Sangu

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