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Ahmadou Kourouma : Les Soleils des indépendances

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Les Soleils des indépendances 1

Les Soleils des Indépendances est un roman d’Ahmadou Kourouma publié en 1968. L’ouvrage porte sur la vie des Africains après l’indépendance. Sous ce rapport, le titre qui s’inspire de l’expression malinké, désigne l’époque des indépendances.

Ahmadou Kourouma est un écrivain ivoirien. Il est né à Boundiali en 1927. Il passe sa jeunesse entre la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Mali où il étudie en 1947, suite à son admission  au concours d’entrée à l’Ecole technique supérieure de Bamako. Il en est renvoyé en tant que meneur de grève menant des activités politiques. Refoulé en 1949, il revient dans son pays. Bénéficiant d’une annulation de peine, il est enrôlé dans l’armée et envoyé en Indochine. Il sera dégradé. C’est alors qu’il part en France en 1955, pour faire des études de droit à Lyon. Il y éprouve un goût particulier pour la littérature et l’écriture, qui le conduit à écrire son premier roman, Les Soleils. Diplômé en Droit des affaires, avec une spécialisation en Assurance, il travaille dans son pays. Visé par le régime du président Félix Houphouët-Boigny, il est emprisonné, puis contraint à l’exil en 1963. Il se retrouve ainsi en Algérie de 1964 à 1969, au Cameroun (1974-1984) et au Togo (1984 à 1994). De 1969 à 1971, Kourouma retourne en France où il est employé dans une banque à Paris. Nommé sous-directeur de la filiale ivoirienne de cette banque, il rentre en Côte d’Ivoire. Par la suite, il se rend au Cameroun où il assume la fonction de Directeur de l’Ecole internationale des assurances de Yaoundé. Ahmadou Kourouma meurt en 2003 à Lyon. 

La production intellectuelle de Kourouma se compose de plusieurs ouvrages : des romans, Les Soleils des Indépendances (1968), Monnè, outrages et défis (1990), En attendant le vote des bêtes sauvages (1999), Allah n’est pas obligé (2000), Quand on refuse, on dit non (2004) ; une pièce de théâtre intitulée Tougnantigui ou le Diseur de Vérité (1998) ; des livres pour enfants : Yacouba, chasseur africain (1998), Le griot, homme de parole (2000), Le chas-seur, héros africain (2000), Le forgeron, homme de savoir (2000), Prince, suzerain actif (2000).

Les Soleils des indépendances 2

Les Soleils des indépendances évoque le désenchantement résultant de la mauvaise gestion des nouvelles républiques par les Africains. Certes, le colon est parti, mais la situation des Africains ne s’est pas pour autant améliorée. Car les nouveaux régimes ne procurent pas le bonheur espéré. La situation de Fama, prince malinké déçu et au ménage miné par la stérilité, est révélatrice de cette désillusion généralisée qui explique l’amertume des populations. Le roman est alors un procès contre les indépendances. 

Dans le roman, les personnages sont Fama, le héros, Salimata, l’épouse dévouée et les autres personnages : Mariam, Abdoulaye, Tiécoura, Balla, Diamourou. Les thèmes développés dans ce roman sont les traditions et les croyances, les indépendances, la bâtardise, l’excision, la religion, la ville, le village, et la stérilité.        

La lecture du roman montre l’adoption d’un style qui s’inspire des structures de la langue malinké. Tantôt, c’est une déformation volontaire du français, tantôt une hybridation stylistique, tantôt une pure insertion de formules malinké : images, verdeur du langage. Ahmadou Kourouma explique sa démarche, en justifiant le style adopté : « Je n’arrivai pas à exprimer Fama de l’intérieur et c’est alors que j’ai essayé de le trouver dans le style malinké. Je réfléchissais en Malinké, je me mettais dans la peau de Fama pour présenter la chose. »

En évoquant la déception née de l’acquisition de l’autonomie, Les Soleils des Indépendances se présente comme étant un réquisitoire contre les nouveaux pouvoirs qui sont à la tête des pays nouvellement indépendants. La perte du rang princier, l’inversion des statuts et la multiplication des déboires du héros traduisent la déchéance du personnage principal. Au-delà de lui, cette situation symbolise une autre, celle bien malheureuse de la plupart des peuples aux destinées desquels président désormais les fils d’Afrique.

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