L’étrange destin de Wangrin est un roman écrit par Amadou Hampaté Ba et publié en 1973. L’ouvrage évoque le destin d’un enseignant, interprète et commerçant Bambara que l’auteur a rencontré en 1912. Et selon les propos d’Hampaté Ba, il s’agit de l’histoire authentique de cet interprète en pleine période coloniale. À la lumière de cette indication, le titre du roman désigne les manœuvres d’un interprète rusé qui, abusant de tous, collaborant avec les Noirs aussi bien que les Blancs, et ayant recours aux pratiques mystiques, parvient, en prenant beaucoup de risques, à atteindre ses multiples objectifs. Ce qui ressort d’ailleurs du sous-titre, « les roueries d’un interprète africain ».
Amadou Hampaté Ba est un écrivain et ethnologue malien. Il est né en 1900 à Bandiagara dans une famille aristocratique peule. Élevé par le second mari de sa mère, il commence par étudier le Coran auprès du marabout Tierno Bokar avant d’être inscrit à l’école française à Bandiagara et par la suite à Djenné d’où il s’enfuit en 1915 pour Kati où il retourne à l’école. N’ayant pas accepté d’aller à l’Ecole normale de Gorée, il est affecté par le gouverneur à Ouagadougou. A partir de 1922, il occupe plusieurs postes dans l’administration coloniale, d’abord en Haute-Volta jusqu’en 1932 et ensuite au Mali jusqu’en 1942 ; année où il est affecté à l’Institut français d’Afrique noire de Dakar où il mène des enquêtes ethnologiques et collecte plusieurs éléments de la tradition orale des sociétés africaines. Ce qui lui permit de rédiger L’Empire peul du Macina. A l’indépendance de son pays, il rentre à Bamako où il fonde l’Institut des sciences humaines. En 1962, il devient membre du Conseil exécutif de l’Unesco. En 1966, il est associé à l’élaboration d’un système unifié pour la transcription des langues africaines. Pendant les dernières années de sa vie, Amadou Hampaté Ba s’installe en Côte d’Ivoire pour réviser ses travaux de recherche et d’écriture, tout en écrivant ses mémoires. Il meurt à Abidjan en 1991.
Amadou Hampaté Ba est l’auteur d’une gigantesque œuvre riche de sa diversité. Celle-ci témoigne de son parcours de chercheur et d’homme passionné des langues, cultures, traditions africaines. À ce propos, quelques œuvres peuvent être rappelées : L’Empire peul du Macina (1955), Vie et enseignement de Tierno Bokar, le sage de Bandiagara (1957), Kaïdara, récit initiatique peul (1969), Aspects de la civilisation africaine (1972), L’étrange destin de Wangrin (1973), Njeddo Dewal mère de la calamité (1985, conte fantastique et initiatique peul), Amkoullel l’enfant peul (Mémoires I, 1991), Oui mon commandant ! (Mémoires II, 1994), Il n’y a pas de petite querelle (2000), Mémoires (2012), Coépouse bossue… ou méchanceté punie (2015). Si une bonne partie de l’œuvre est parue du vivant de l’auteur, celle publiée après 1991, l’est à titre posthume grâce au concours de son épouse Hélène Heckmann, qui a œuvré à la révision, à la conservation et à la publication des écrits laissés par le géant de la recherche sur la culture des sociétés africaines.