Malheur à l'homme seul ! dit le livre de l'Ecclésiaste. Lorsqu'il sera tombé, il n'aura personne pour le relever.
Platon dans La République, afin de mettre en évidence les fondements de la société humaine, imagine des hommes indépendants les uns des autres. Il montre que ces hommes ne resteraient pas dans un tel état. Ce qui les rapprocherait et ferait renaître la société parmi eux, c'est la multitude des choses dont les hommes ont besoin pour vivre ; et la nécessité de produire ces choses (la nourriture, le logement, le vêtement) par un travail bien organisé.
D'autres philosophes ont soutenu que cet état d'indépendance et de solitude (qui n'était chez Platon qu'une hypothèse, une fiction sans prétention historique), que cet état est l'état naturel de l'homme. C'est notamment l'opinion de Rousseau, qui affirme que l'homme est né libre. Rousseau renverse la philosophie d'Aristote, le disciple de Platon qui avait affirmé qu'il est évident que l'homme est, par nature, un animal politique, fait pour la vie en société, puisque la nature, qui ne fait rien en vain, a donné à l'homme la parole.
Les philosophes qui soutenaient que la société n'est pas dans la nature de l'homme étaient donc forcés de nier aussi le caractère naturel du langage, et de soutenir, avec Condillac, que la parole est une invention humaine. Alors, dit Louis de Bonald, il fit nuit dans la société.