David Diop : Coups de pilon

Coups de pilon est un recueil poétique composé par David Diop et publié en 1956. Le livre se présente comme étant une illustration tardive du programme de la Négritude, car on y trouve une évocation de l’Afrique, de ses valeurs culturelles et un appel à la prise de conscience du peuple noir. Dans cette perspective, le titre du recueil est symbolique. Puisque le pilon permet de transformer dans un mortier la graine de mil en farine nourricière, le « coup de pilon » désigne la mission de la poésie africaine qui doit parvenir à faire évoluer les consciences africaines. C’est donc une belle métaphore pour désigner à la fois, le patrimoine culturel de l’Afrique et la fonction militante de la poésie africaine.

David Diop est un poète et professeur sénégalais. Né en 1927 à Bordeaux d’un père sénégalais et d’une mère camerounaise. Souffrant, il a passé une partie de son enfance dans les hôpitaux français, pendant l’Occupation et la Deuxième Guerre mondiale. Initialement inscrit en faculté de médecine, il finit par arrêter, pour se consacrer à des études de lettres. Titulaire d’une licence, il se rend au Sénégal où il enseigne au lycée Maurice Delafosse. David Diop est un ancien élève de Léopold Sédard Senghor qui publie d’ailleurs ses premiers poèmes dans son Anthologie de la nouvelle poésie nègre et malgache de langue française (1948). Sur le plan politique, David Diop, est un membre du Parti africain de l’indépendance. Et au nom du panafricanisme, il répond à l’appel de Sékou Touré, en partant en Guinée où il enseigne notamment à Kindia. Par la suite, il est nommé Directeur de l’Ecole Normale. David Diop meurt en 1960, dans un accident d’avion survenu au large des côtes sénégalaises.

L’œuvre littéraire de David Diop est formée d’un recueil de poèmes intitulé Coups de pilon, qui regroupe divers écrits poétiques : « Le temps du martyre », « Souffre pauvre nègre »,  « Un Blanc m’a dit… »,  « Peuple Noir », « Non ! » et « Afrique ». Pour David Diop, la création poétique doit permettre d’affirmer l’identité du peuple noir, tout en cherchant à défendre ses droits.

Coups de pilon est une poésie militante. Le recueil met en lumière la réalité de l’Afrique et la condition de son peuple, afin de poser le combat contre l’exploitation de l’homme incarnée par le colonialisme. Il traduit la doctrine de l’auteur selon laquelle, la poésie est un moyen de libération de l’homme. En portant sur l’Afrique, Coups de pilon montre la dénonciation de l’oppression causée par le colonisateur. Ce qui entraîne les thèmes suivants : la critique du colonialisme, la réhabilitation de l’Afrique et l’appel des colonisés à la libération. Sur le plan stylistique, le poète emploie entre autres procédés, la tournure pronominale, le vers libre, le parler à l’africaine, de même que l’anaphore et l’hyperbole aptes à exprimer l’intensité de la révolte contre le système colonial.

Œuvre militante, le recueil Coups de pilon traduit l’engagement d’un auteur imbu de son identité et sensible à l’injustice. En panafricaniste résolu, David Diop porte le combat d’une génération antérieure, celui des poètes de la Négritude. L’analyse de son recueil montre qu’il se réclame de Senghor, autant dire de Léon-Gontran Damas, dont la poésie, militante à tout point de vue, dénonce avec virulence l’entreprise coloniale.