Le terme de liberté, dit Leibniz, est fort ambigu. En effet, tantôt ce terme désigne un droit, tantôt il désigne un fait. En droit, le pauvre est aussi libre de voyager que le riche ; mais de fait, le riche, ayant plus de moyens, a aussi plus de liberté. D'autre part, il faut distinguer entre la liberté de faire et la liberté de vouloir : c'est une chose de pouvoir faire ce qu'on veut, c'en est une autre d'avoir une volonté libre.
On ne doute ni de la liberté de droit, ni de la liberté de faire. La seule liberté dont l'existence est un sujet de discussion entre les philosophes, c'est la liberté de notre volonté, ce qu'on appelle encore le libre arbitre. Dire que nous avons un libre arbitre, c'est dire que nous pouvons vouloir une chose ou ne pas la vouloir : c'est dire, en d'autres termes, que nos actes volontaires sont contingents. J'ai voulu quelque chose, j'aurais pu ne pas le vouloir, et c'est ce qui fait de moi l'auteur de mes actions.
Nous faisons continuellement l'expérience de cette liberté de notre volonté. Cependant nous ne pouvons pas comprendre comment la liberté de l'homme peut s'accorder avec la toute-puissance de Dieu. C'est ce qui a conduit Luther, par exemple, à nier la liberté de notre volonté.