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Une Vie de Guy de Maupassant

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La vie de l'auteur

Guy de Maupassant est né le 5 août 1850 dans une famille noble à la fortune médiocre, et passe son enfance à Fécamp, un petit port de Normandie (dans le nord-ouest de la France). Après la séparation de ses parents, Maupassant vit avec sa mère, amie de Gustave Flaubert, qui deviendra son père spirituel en littérature. S’il s’ennuie au lycée de Rouen, le jeune homme se divertit sur les plages d’Étretat en pêchant et en se baignant dans la mer qu’il aime tant.

Après avoir quitté Rouen, Maupassant s’installe à Paris, où pendant huit ans, il sera employé au Ministère de la Marine puis de l’instruction publique.

Maupassant se met à écrire sous l’influence de Gustave Flaubert, avec qui il partage un pessimisme profond. C’est ainsi qu’il va participer aux « soirées de Médan » au cours desquelles s’élaborent les théories naturalistes. Maupassant connaît dès lors un succès littéraire grâce au développement de la presse quotidienne, où paraissent ses premières nouvelles. En dix ans, il publie quinze recueils de contes, six romans et trois récits de voyage ; ce qui lui permet, très vite, de vivre de sa plume et de quitter son emploi de fonctionnaire.

Mais contaminé depuis 1876 par la syphilis, Maupassant voit son état de santé s’aggraver à partir de 1890. Les troubles dont il souffre dégénèrent bientôt en folie et, après avoir tenté de se suicider, il est interné dans une maison de santé, à Paris, il meurt paralysé en 1893, à l'âge de 43 ans. 

L'œuvre de Guy de Maupassant

Lié à Gustave Flaubert et à Émile Zola, Maupassant a marqué la littérature française par ses six romans, dont Une vie en 1883Bel-Ami en 1885Pierre et Jean en 1887-1888, et surtout par ses nouvelles (parfois intitulées contes) comme Boule de Suif en 1880, les Contes de la bécasse (1883) ou Le Horla (1887). Ces œuvres retiennent l’attention par leur force réaliste, la présence importante du fantastique et par le pessimisme qui s’en dégage le plus souvent, mais aussi par la maîtrise stylistique. Guy de Maupassant s’est presque essayé à tous les genres ; on peut retenir :

  • Ses romans : Une vie (1883) ; Bel-Ami (1885) ; Pierre et Jean (1887) ; Mont-Oriol (1887) ; Fort comme la mort (1889) ; Notre cœur (1890) ;

  • Pour ce qui est des Contes et Nouvelles, Maupassant a écrit chaque semaine pendant presque dix ans dans les journaux Le Gaulois et Gil Blas ; on peut donc estimer le nombre de chroniques, nouvelles ou contes à près de mille ;

  • Ses pièces théâtrales : Histoire du vieux temps (1879) ; Une répétition (1880) ; Musotte (1891) ; La Paix du ménage (1893) ; À la feuille de rose, maison turque, comédie représentée en 1875 et publiée pour la première fois à Paris en 1945 ;

  • Sa poésie : Des vers ; Des vers et autres poèmes.

Par ailleurs, Maupassant voyagera longuement, notamment en Algérie, en Italie, en Angleterre, en Bretagne, en Sicile, en Auvergne, et chaque voyage est pour lui synonyme de volumes nouveaux et de reportages pour la presse.

L'œuvre intégrale Une Vie

Les premiers brouillons qui semblent correspondre à une Vie datent de 1877, année au cours de laquelle Maupassant décide d'écrire ce premier roman. La rédaction est abandonnée de 1878 à 1881. Maupassant la reprend après la mort de Flaubert. Elle se prolonge sur les années 1881 et 1882, pour s'achever en 1883, par la publication en feuilleton dans le Gil Blas (pendant deux mois). Puis vingt-cinq mille exemplaires sont vendus malgré l’interdiction prononcée par la librairie Hachette. Ce nombre témoigne du succès du roman. Il décrit la vie « d'une femme, depuis l'heure où s'éveille son cœur jusqu'à sa mort. »

Structure de l’œuvre

Le titre donné par Maupassant à son premier roman frappe avant tout par sa platitude. En effet, l’utilisation de l’article indéfini, sans adjectif annonce le récit d’une existence quelconque, banale. Or, il peut être aussi lu comme le récit d’une vie exemplaire et unique. C’est en ouvrant la première page que le lecteur découvre à qui appartient cette vie dans laquelle il va se plonger. « Jeanne, ayant fini ses malles, s’approcha de la fenêtre, mais la pluie ne cessait pas. » 

Ainsi, la structure de l’œuvre se définit selon le personnage de Jeanne. Chaque étape du roman est ponctuée par un fait marquant de la vie de l’héroïne. La fiction se déroule de 1819 à 1848, soit une trentaine d’années étalées sur environ deux cents pages. La vie de Jeanne est présentée chronologiquement et tous les événements relatés par l’auteur concernent uniquement son personnage principal. Les autres personnages n’apparaissent que pour intervenir dans la vie de Jeanne.

Le résumé de l’œuvre

Rouen, 1819. Jeanne, fille du baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds et de sa femme Adélaïde, est une aristocrate qui, à ses dix-sept ans, quitte le couvent. Elle s'en va donc de chez elle ; ses parents lui lèguent le château Les Peuples pour y vivre. Elle rencontre le vicomte Julien de Lamare quelques jours après sa sortie du couvent. Ils se marient et partent en voyage de noces en Corse. Très vite, à leur retour, Julien trompe Jeanne avec sa domestique Rosalie, qui tombe enceinte, puis avec la voisine Gilberte de Fourville qui se disait amie de Jeanne.

Elle accouche prématurément de son premier enfant, Paul, qui connaît des problèmes de santé. Son deuxième enfant (une petite fille) est mort-née, le jour même où M. de Fourville tue Gilberte et Julien, après avoir découvert qu'il était l'amant de sa femme. Paul part suivre des études au collège du Havre. Jeanne se retrouve ainsi seule après la mort du baron, de la baronne et de sa tante. Alors qu'elle est rongée par la tristesse et qu'elle tombe dans une dépression que la solitude n'adoucit pas, Jeanne retrouve Rosalie, son ancienne domestique. À cause des dépenses abusives de son fils qui ne cesse de s'endetter, Jeanne se trouve en difficultés financières. Elle vend alors le château, qui pourtant lui tient énormément à cœur, et emménage ailleurs avec Rosalie. Sans nouvelles de Paul, Jeanne sombre dans une tristesse qui la vieillit très rapidement. Un beau jour, Paul, se trouvant une fois de plus dans une situation financière délicate, va demander à Jeanne, sa mère, de s'occuper de son propre enfant, qu'il a eu avec une débauchée morte lors de l'accouchement. Grâce à l'arrivée de ce nourrisson et la promesse que son fils lui fait de la rejoindre très bientôt, Jeanne retrouve le goût de la vie.

Les personnages dans Une Vie

Les personnages principaux 

  • Jeanne Le Perthuis des Vauds

Personnage principal, Jeanne est une jeune fille, blonde aux yeux bleus. Ayant reçu une éducation destinée à éveiller en elle l'amour de la nature, elle ne connaît rien des réalités et se prend souvent à rêver de l'homme idéal. Elle est persuadée de la beauté et de l'innocence du mariage. Si elle croit trouver ces qualités chez Julien, choisi par défaut, elle ne recevra pour amour que la bestialité sexuelle de son mari, son avarice et son hypocrisie. Elle consacre sa vie à son fils qui part à l'âge de 15 ans. Elle reste en relation avec lui, sans qu’ils ne puissent échanger d’autre chose que de l’argent, et il lui manque énormément ; elle souffre beaucoup de son absence. Elle incarne tout d'abord la jeune fille ignorante. Cette ignorance est la cause de nombreuses déceptions. Jeanne ne s'endurcit pas mais s'affaiblit peu à peu au contact du monde : elle cède sans aucun effort de volonté face au temps, à la mort, à l'absence d'amour, à la solitude ou à l'égoïsme de son enfant.

  • Les parents de Jeanne

Le baron Simon-Jacques Le Perthuis des Vauds : le père, généreux mais faible.

« Sa grande force et sa grande faiblesse, c’était la bonté, une bonté qui n’avait pas assez de bras pour caresser, pour donner, pour étreindre, une bonté de créateur, éparse, sans résistance, comme l’engourdissement d’un nerf de la volonté, une lacune dans l’énergie, presque un vice. »

Il est rousseauiste dans son amour pour la nature. Ce personnage est inspiré des grands-pères paternel et maternel de Maupassant. Son anticléricalisme reflète celui de Maupassant.

La baronne, Adélaïde : la mère, atteinte d'une hypertrophie cardiaque dont elle se plaint souvent. Elle garde en secret des souvenirs d'une aventure à laquelle elle se rattache. Elle se promène souvent dans l'allée du manoir familial, appelée pour cela « l'Allée de petite mère » par Jeanne.

  • Julien de Lamare

Mari de Jeanne. Tous deux se rencontrent peu de temps après l'arrivée de Jeanne aux Peuples. Ils se marient 3 mois après. Ils partent en voyage de noces pour l'île de Corse, mais à leur retour, Jeanne découvre que son mari est avare et égoïste. Peu de temps après, elle découvre qu'il a mis enceinte sa servante. Julien veut alors abandonner la servante, mais Jeanne s'y oppose et lui trouve un mari. Lorsque Jeanne tombe enceinte, elle s'éloigne vite de son mari pour s'adonner entièrement à son fils. Mais Julien se désintéresse totalement de celui-ci et se tourne vers Mme de Fourville, une voisine avec laquelle il noue une liaison. Lorsque Jeanne l'apprend, elle ne réagit pas. L’abbé, ayant découvert par hasard cette liaison, veut l’obliger à rompre avec son mari. Lorsqu’elle s’y refuse, disant que le mari cocu tuera les amants, l’abbé le lui reproche vivement. Comme l’avait prévu Jeanne, lorsque le mari de la voisine est averti, par l'abbé, de sa liaison avec Julien, il devient fou et précipite alors le couple d'une falaise. Après la mort des amants, Jeanne, veuve, ne dit rien, malgré ce qu'elle sait. Elle donne naissance à une fille mort-née le jour même de la mort de son mari.

  • Paul de Lamare

Qui est Paul ? Paul est le fils légitime de Jeanne, surnommé « Poulet » par Jeanne, Lison — la tante — et le baron. Il vit aux Peuples, la maison familiale. Enfant chéri par sa mère, son grand-père et sa grand-tante, il ne jouit pas, malgré tout, d'une très bonne éducation. À 15 ans, il est envoyé au collège au Havre. Il fugue cinq ans plus tard sans laisser de nouvelles. Il voyage entre Londres et Paris à la recherche d'une affaire qui le rendra riche. Malheureusement, il s'endette et n'a plus comme solution que de demander de très grosses sommes à sa mère qui doit vendre ses propriétés pour aider son enfant qu'elle n'a pas vu depuis de nombreuses années. Paul rencontre une fille dans les bas-fonds de Paris qu'il épouse in extremis avant sa mort, pour sauver leur enfant tout juste née. Malgré tous ses défauts, Paul occupe constamment l'esprit de sa mère, qui voit sa maîtresse comme une rivale, mais recueillera cependant son enfant dans le dernier chapitre.

  • Rosalie

Servante pendant presque tout le roman. Elle était la sœur de lait de Jeanne, puis elle l'accompagne dans sa vie. Elle quitte la famille après avoir été mise enceinte par Julien mais revient, 24 ans plus tard, pour s'occuper de Jeanne. Elle lui fera vendre Les Peuples pour sauver sa situation financière. D’un caractère fort et sûr, elle sauvera Jeanne de la faillite et d’une fin tragique. Le fils que Rosalie a eu de Julien de Lamare, Denis Lecoq, est un jeune fermier ; il décide de reprendre la ferme de sa mère et de se marier.

Les personnages secondaires

Entre autres, on peut citer : la tante Lise (dite Lison) ; l'abbé Picot ; la veuve Dentu ; les Fourville ; les Briseville ; l'abbé Tolbiac ; les domestiques ; Ludivine ; Le père Lastique ; Marius ; les paysans ; le chien Massacre.

Les thèmes abordés dans Une Vie

Parmi les principaux thèmes abordés dans l’œuvre, nous pouvons relever :

  • Le temps

L'ensemble de l'histoire de Jeanne se déroule de sa sortie du couvent le 2 mai 1819 à l'arrivée de sa petite-fille au printemps 1848. Mais on remarque que le récit progresse de plus en plus rapidement, après s'être attardé sur les premiers mois suivant la sortie du couvent. On peut également voir que les saisons se succèdent, donnant à Jeanne un indice de ce défilement, ainsi qu'un indice de son état d'âme. Le printemps et l'hiver apparaissent comme des reflets de l'humeur de Jeanne.

  • Le pessimisme

À sa sortie du couvent, Jeanne est prête pour le bonheur et pour le grand amour. Malheureusement pour elle, le mariage ne réussit pas, son mari la trompe et se montre un maître tyrannique. Sa famille ne lui apporte pas le réconfort qu'elle en attendait : sa mère ne vaut pas mieux que les autres femmes puisqu'elle aussi est adultère, son fils a le même caractère que Julien.

Enfin, la religion, incarnée d'abord par le laxiste abbé Picot, puis par le fanatique abbé Tolbiac, ne se présente pas non plus comme une alliée sûre et rassurante. Rien dans cette vie ne soutient Jeanne face à ses désillusions successives.

  • La nature

Comme dans d'autres romans et nouvelles de Maupassant, la nature joue un rôle important auprès du héros, tout d'abord comme décor de l'action : la campagne normande est un thème récurrent chez Maupassant. Mais la nature est aussi une sorte de confident : la mer une amie, le jardin des Peuples une présence rassurante liée à l'enfance.

  • L’amour

L'amour romantique et idéal que ressent Jeanne pour le premier jeune homme qu'elle aperçoit en sortant du couvent, s'oppose à la recherche de la satisfaction physique de Julien. Aucune union, dans ce roman, ne propose de concrétisation heureuse de l'amour. Ce sentiment apparaît comme une vague illusion que chacun entretient à sa façon. L'ensemble est voué à l'échec et à la déception.

  • L’argent

Cet élément est essentiel dans le roman pour marquer l'époque où il se déroule (dans la perspective naturaliste). Ainsi, toutes les familles sont plus ou moins ruinées, excepté deux couples secondaires (les Fourville et les Coutelier) 

Julien épouse Jeanne pour renflouer ses comptes car il est au bord de la ruine. L'argent est donc un moteur de l’action. Mais Jeanne s'oppose à Julien sur ce thème également, puisque dans sa famille, l'argent n'a pas d'importance. La bonté dont ils font preuve naturellement les pousse à donner à ceux qui n'ont rien. Julien, en revanche, ne donne que s'il y est contraint et forcé.

Portée esthétique et idéologique de l'œuvre

Ce premier roman de Maupassant est une réussite même si les critiques n'ont pas été unanimes. Ce récit simple fait la somme de l'influence de Gustave Flaubert et du Naturalisme inspiré par Zola. On retrouve dans l'histoire de Jeanne des traces du « pessimisme » du XXIe siècle. 

Par ailleurs, il faut relever que Guy de Maupassant a bien été reconnu de son vivant, il conserve un renom de premier plan, renouvelé encore par les nombreuses adaptations cinématographiques de ses œuvres.

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