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Madame Bovary de Gustave Flaubert

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La vie et l'œuvre de Gustave Flaubert

La vie de l'auteur

Gustave Flaubert naît en 1821 à Rouen et passe son enfance dans un cadre un peu triste de l’Hôtel-Dieu où son père est chirurgien. Élève doué, il est exalté par ses lectures romantiques (dont René de Chateaubriand). Aussi, ses premiers écrits de lycéen sont-ils des contes fantastiques et des confidences autobiographiques. En 1836, sur une plage normande, il échange quelques mots avec Elisa Schlésinger, la femme d’un éditeur de musique. Cette passion muette inspirera plusieurs de ses œuvres (en particulier L’Education sentimentale).

Flaubert entreprend des études de Droit à Paris, mais atteint d’une maladie nerveuse, doit les interrompre en 1843 et se retire dans sa maison de Croisset. Sa mauvaise santé ne l’empêche pas de voyager. Mais c’est à Croisset qu’il passe l’essentiel de sa vie, entièrement consacrée à la littérature.

Son roman Madame Bovary (1857) lui vaut un procès pour immoralité… et le succès auprès du public ; en revanche, L’Education sentimentale (1869) reçoit un accueil plutôt froid. Les dernières années de sa vie sont douloureuses (il voit mourir sa mère et ses amis les plus proches). Il meurt en 1880.

L'œuvre de Gustave Flaubert

Gustave Flaubert est surtout connu pour son œuvre Madame Bovary, mais ce n’est pas le seul grand roman qu’il ait écrit. Voici quelques autres œuvres que l’on doit à cet auteur :

  • Salammbô (1862)
  • L’Education sentimentale (1896)
  • Trois contes (1877)

L'œuvre intégrale Madame Bovary

Flaubert commence son roman Madame Bovary en 1851 et y travaille pendant cinq ans, jusqu’en 1856. À partir d’octobre 1856, le texte est publié dans la Revue de Paris sous la forme de feuilleton jusqu’au 15 décembre suivant. En février 1857, le gérant de la revue, Léon Laurent-Pichat, l’imprimeur et Gustave Flaubert sont jugés pour « outrage à la morale publique et religieuse et aux bonnes mœurs ». Flaubert est blâmé pour « le réalisme vulgaire et souvent choquant de la peinture des caractères », et est défendu par l’avocat Jules Senard ; il sera acquitté malgré le réquisitoire du procureur Ernest Pinard. Après son acquittement, le 7 février 1857, le roman fut édité en deux volumes le 15 avril 1857 chez Michel Lévy frères. La première édition de 6 750 exemplaires fut un succès instantané : elle fut vendue en deux mois. Il est considéré comme l'un des premiers exemples d'un roman réaliste.

NB : Structure de l’œuvre

Le roman Madame Bovary de Gustave Flaubert est organisé en trois parties distinctes, avec un total de 37 chapitres tout au long de l'œuvre :

  • Partie I (chapitres 1 à 9) : la jeunesse d'Emma
  • Partie II (chapitres 1 à 15) : la vie adultère d'Emma
  • Partie III (chapitres 1 à 11) : la chute d'Emma
  1. Partie I : Dans cette première partie, on découvre la jeunesse et l'éducation d'Emma Bovary, ainsi que son mariage avec Charles Bovary, un médecin de campagne. Emma, élevée dans un couvent, rêve d'une vie romantique et passionnée, mais se retrouve rapidement déçue par la réalité monotone de sa vie conjugale.

  2. Partie II : La deuxième partie du roman relate l'évolution de la vie d'Emma, alors qu'elle se plonge dans des liaisons extraconjugales pour échapper à son ennui et trouver la passion qu'elle désire tant. Elle s'implique dans des aventures avec Rodolphe, un séducteur, et Léon, un jeune clerc de notaire, mais ses aspirations idéalistes la conduisent finalement à des souffrances émotionnelles.

  3. Partie III : Dans cette dernière partie, la vie d'Emma prend un tournant tragique. Ses dettes et ses infidélités la mettent dans une situation désespérée. Incapable de supporter la réalité qui la déçoit, elle se retire de plus en plus dans ses illusions. Le roman se termine par un dénouement dramatique qui met en lumière les conséquences désastreuses de ses choix

Le résumé de l'œuvre

Emma Rouault, fille d'un riche fermier, a été élevée dans un couvent. Elle rêve d'une vie romantique et brillante comme les princesses des romans à l'eau de rose dans lesquels elle se réfugie pour rompre la monotonie de son existence. Elle devient l'épouse de Charles Bovary, qui, malgré de laborieuses études de médecine, n'est qu'un simple officier de santé qui ne lui offre qu'une vie routinière, bien vite monotone et frustrante pour Emma. Charles a été le médecin du père Rouault et est vite tombé amoureux de sa fille aux manières raffinées.

L'invitation au bal du marquis d'Andervilliers lui fait entrevoir un monde auquel elle souhaiterait, en vain, appartenir. La fête finie, à laquelle les époux ont été invités par courtoisie, la vie sans joie d'Emma reprend ; elle sombre dans un état dépressif. Alors que son mari commence à se faire une clientèle mais convenant qu'elle a besoin de changement, il décide de quitter le bourg de Tostes et de s'installer dans celui plus animé d'Yonville. Emma fait la connaissance des personnalités locales : le pharmacien progressiste et voltairien Monsieur Homais, présenté comme le type du notable de province, péremptoire et content de lui, qui donne discrètement et illégalement des consultations médicales dans son arrière-boutique ; le brave curé Bournisien ; Léon Dupuis, charmant clerc du notaire Guillaumin ; le libertin hobereau Rodolphe Boulanger, propriétaire du château de la Huchette.

Emma est déçue par la naissance de la petite Berthe, puisqu’elle aurait préféré mettre au monde un garçon voué à un grand destin. Elle s'enlise dans l'ennui et perd tout espoir d'une vie meilleure. Elle n'éprouve plus aucun amour pour Charles, qui pourtant ne lui veut que du bien. Elle ne parvient pas non plus à aimer sa fille, qu'elle trouve laide et qu'elle confie à Mme Rolet, nourrice vénale qui vit dans une pauvreté sordide. Elle laisse libre cours à ses dépenses compulsives chez son marchand d'étoffes et autres colifichets, M. Lheureux. Elle repousse les avances de Rodolphe et de Léon, puis elle finit par céder, se révélant une amante passionnée prête à quitter mari et enfant. Mais ses amants se lassent vite du sentimentalisme exacerbé et effrayant de la jeune femme qui rêve de voyages, de luxe et de vie aventureuse.

Emma a accumulé une dette envers M. Lheureux, qui exige d'être remboursé. Les amants d'Emma ont refusé de lui prêter la somme due, les biens des Bovary vont être saisis. Acculée, Emma se suicide. Charles meurt de chagrin. À la mort de ses parents, Berthe est confiée à une tante, pauvre, qui l'envoie travailler dans une filature de coton pour subsister financièrement. Le roman s’achève sur M. Homais qui vient de recevoir la croix d'honneur.  

Les principaux personnages et leurs rôles

  • Emma Bovary : personnage principal du roman et femme de Charles Bovary. Flaubert s'est probablement inspiré du suicide à Ry de Delphine Delamare, fille d'un riche propriétaire terrien. Son mariage avec Eugène Delamare, ancien élève du père de Gustave Flaubert et officier de santé à la vie sans relief, fut une source de grande frustration jusqu'à son suicide par absorption d'arsenic en 1848.

  • Charles Bovary : mari d'Emma et officier de santé.

  • Charles-René Bovary : père de Charles.

  • Berthe : fille d'Emma et de Charles.

  • Mme Bovary mère : mère de Charles et fille d'un marchand.

  • Théodore Rouault : père d'Emma. C'est à la suite de la fracture d'une de ses jambes que Charles Bovary fera la connaissance de sa fille.

  • Léon Dupuis : Emma tombe amoureuse de lui une première fois, mais résiste à l'attirance qu'elle ressent pour lui. Plus tard, il deviendra le second amant d'Emma. Clerc du notaire Guillaumin, pensionnaire du Lion d'Or et locataire d'Homais.

  • Rodolphe Boulanger : premier amant d'Emma, propriétaire du domaine et du château de la Huchette, tempérament brutal et intelligence perspicace.

  • Mme Lefrançois : veuve, propriétaire du Lion d'Or, auberge d’Yonville.

  • Homais : pharmacien d’Yonville (apothicaire). Sa femme et lui ont 4 enfants : Napoléon, Franklin, Irma et Athalie.

  • Héloïse Dubuc : première femme de Charles, veuve de 45 ans « laide, sèche comme un cotret et bourgeonnée comme un printemps ». Charles se rend compte à sa mort qu'elle n'avait pas de fortune.

  • Maitre Guillaumin : notaire de Yonville.

  • Justin : commis d'Homais. Il est secrètement amoureux d'Emma.

  • Hivert : conducteur de la diligence L'Hirondelle.

  • Binet : percepteur à Yonville et capitaine des pompiers.

  • Dr Canivet : grand médecin de renom de Neufchâtel.

  • Dr Larivière : médecin réputé auquel monsieur Homais fait appel en urgence après l'empoisonnement d'Emma.

  • L'abbé Bournisien : prêtre de Yonville.

  • Madame Rolet : nourrice de la petite Berthe. Son mari est menuisier.

  • M. Lheureux : boutiquier à Yonville, marchand d'étoffes, il effectue régulièrement le trajet Yonville-Rouen. Principal facteur de l'endettement d'Emma, il usera d'elle en lui vendant toutes sortes de choses futiles (rideaux en soie, tapis d'Orient...). Elle lui devra 1 000 francs au début du roman, puis 8 000 à la fin.

  • M. Lieuvain : conseiller à la préfecture de la Seine-Inférieure. Prononce un discours lors des Comices agricoles.

  • M. Derozerays : président du jury aux Comices agricoles.

  • Hippolyte Tautain : garçon d'écurie du Lion d'Or, au pied bot, dont l'opération par Charles Bovary sera un échec.

  • Artémise : employée à l'auberge du Lion d'Or.

  • Félicité : bonne d'Emma, amoureuse de Théodore.

  • Nastasie : première bonne d'Emma, congédiée par cette dernière au début du roman.

  • Lestiboudois : c'est le bedeau de l'église. Il est aussi fossoyeur, homme à tout faire.

  • Théodore : domestique de maître Guillaumin, le notaire.

  • Tuvache : maire d'Yonville. Il a également un fils qui lui ressemble beaucoup.

Les thèmes abordés dans l'œuvre

Le réalisme : On peut tout d’abord parler du réalisme de Madame Bovary. Gustave Flaubert s’appuie en effet beaucoup sur la réalité pour écrire son roman. Quelques éléments :

  • Les très nombreuses et longues descriptions détaillées dans la narration
  • Le romancier dresse un portrait de la province.
  • Le langage des personnages est en accord avec leur classe sociale et leur psychologie. 

La vie en province : Gustave Flaubert dresse un tableau de la vie provinciale dans son roman. Pour cela, de nombreux paysages de campagne sont détaillés, mais l’auteur va aussi s’atteler à représenter les différentes classes de la société :

  • L’aristocratie lors du bal de la Vaubyessard qui va émerveiller et inspirer profondément Emma ; 
  • Les villageois (à travers Félicité, la nourrice, Hippolyte qui sera victime de la médiocrité de Charles…) ;
  • Les paysans (à travers le père Rouault ou les patients de Charles) ;
  • Les politiques (Monsieur Tuvache, le marquis d’Andervilliers) ;
  • Les personnalités importantes par leur savoir ou leur pouvoir (médecine avec M. Bovary, sciences avec Homais, les affaires monétaires avec Lheureux…).

Le romantisme : Madame Bovary est un roman réaliste mais aussi et surtout romantique : c’est un mélange entre les deux. Gustave Flaubert laisse exprimer sa part romantique dans son œuvre. 

L’Auteur et son œuvre : On retrouve en effet certains points communs entre Madame Bovary et Gustave Flaubert, notamment le goût pour la littérature et les rêveries. Ne dit-il pas, d’ailleurs : « Madame Bovary, c’est moi ! »

La passion et la révolte : Madame Bovary est également un roman qui parle de la passion ainsi que de la révolte, puisque Emma n’acceptera jamais cette vie monotone dont elle est prisonnière et cherchera à s’en défaire autant qu’elle le peut.

L’ennui : Madame Bovary, c’est aussi un roman sur l’ennui. Dans l’histoire narrée, l’on voit bien qu'Emma s’ennuie. Flaubert évoque même les causes de cet ennui : la médiocrité de Charles, la vie déplaisante à la campagne, le bovarysme mais aussi ses conséquences : l’infidélité d’Emma et son suicide…

Portée esthétique et idéologique de l'œuvre

Flaubert est le contemporain de Charles Baudelaire et, comme lui, il occupe une position charnière dans la littérature du XIXe siècle. À la fois contesté (pour des raisons morales) et admiré (pour sa force littéraire) de son temps, il apparaît aujourd'hui comme l'un des plus grands romanciers de son siècle, avec en particulier Madame Bovary, roman qui fonde le bovarysme (il s’agit de l’état d’insatisfaction caractéristique de Madame Bovary, qui attend de la réalité qu’elle soit à l’image de ses rêves et romans. Le terme s’est élargi pour définir l’insatisfaction que ressentent certaines personnes dans la vie monotone campagnarde).

Flaubert, ici, se place entre le roman psychologique (Stendhal) et le mouvement naturaliste (ZolaMaupassant, ces derniers le considérant d’ailleurs comme leur maître).

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