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Les Destinées d'Alfred de Vigny

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La vie d'Alfred de Vigny

Poète, dramaturge et romancier français, Alfred Victor de Vigny naît le 27 mars 1797 à Loches (France) au sein d'une famille issue de la vieille noblesse militaire. Il reçoit une éducation exemplaire, avant de devenir sous-lieutenant pour la Garde royale à l'âge de 17 ans. Parallèlement à sa carrière militaire, Alfred de Vigny se met à étudier les lettres et à écrire. Membre du Cénacle romantique de Victor Hugo, il participe à la définition des idées du romantisme naissant, aux côtés d'écrivains comme Théophile Gautier ou encore Alfred de Musset. À partir de 1828, il quitte l'armée et se consacre exclusivement à son art.

Après plusieurs tentatives infructueuses, Alfred de Vigny parvient enfin à se faire élire à l'Académie française. L'écrivain meurt des suites d'un cancer, le 17 septembre 1863 à Paris.

L'œuvre d'Alfred de Vigny

  • Sa poésie

Alfred de Vigny débute sa carrière littéraire par l'écriture poétique. En 1820, son premier poème, Le Bal, est publié dans la revue de Victor Hugo, Le Conservateur littéraire. La même année, il fait paraître un recueil de poésies qui passe inaperçu. C'est en effet avec son poème philosophique Eloa ou la Sœur des anges publiés en 1824, qu'Alfred de Vigny se fait véritablement connaître du grand public. En 1826, il compose un nouveau recueil poétique. Intitulé Poèmes antiques et modernes, ce dernier se décompose en trois thèmes correspondant à trois grands âges de l'histoire : les poèmes mystiques se référant aux thèmes bibliques (Moïsele Déluge), les poèmes antiques à l'antiquité (La DryadeSmytha) et les poèmes modernes (Le CorLa Prison). Son recueil poétique Les Destinées a été publié un an après sa mort, en 1864. Au travers de ses poèmes, La Mort du loupLa Flûte, ou encore La Maison du Berger, Vigny exprime son point de vue sur l'humanité et la condition humaine soumise au poids de la fatalité.

  • Ses romans

En 1826, Alfred de Vigny se lance dans l'écriture de son premier roman historique : Cinq Mars. L'ouvrage qui relate les péripéties du marquis de Cinq-mars est inspiré de l'histoire vraie d'Effiat, un jeune marquis ayant tenté de destituer l'influent cardinal de Richelieu. En 1832, il écrit Stello, suivi de Servitude et grandeur militaires en 1835. Dans ces deux romans empreints de pessimisme et de désillusion, Alfred de Vigny se penche sur la solitude et le mal-être habitant les figures du poète et du soldat.

  • Ses pièces de théâtre

C’est en 1829 qu’Alfred de Vigny traduit et fait représenter plusieurs œuvres de Shakespeare comme le More de Venise et Othello. En 1831, il compose sa propre pièce historique intitulée La Maréchale d'Ancre et fait sa véritable entrée au théâtre. Il compose aussi des comédies, notamment Quitte pour la peur qu'il écrit en 1833. Toutefois, sa pièce de théâtre la plus célèbre est Chatterton qu'il compose en 1835. Dans ce drame en trois actes, Alfred de Vigny évoque une nouvelle fois la condition du poète, génie incompris transformé en paria par la société moderne.

L'œuvre intégrale Les Destinées

L’œuvre poétique Les Destinées est un recueil posthume, publié en 1864. Il est composé de poèmes philosophiques (lesquels appartiennent à, un genre ancien dont l’origine remonte à Hésiode et aux présocratiques). Il se compose de onze poèmes, écrits entre 1839 et 1863, marqués chacun par un profond pessimisme.

En 1843-44, cinq textes paraissent dans la Revue des deux Mondes : « La Sauvage », « La Mort du loup », « La Flûte », « Le Mont des Oliviers », « La Maison du berger » ; un autre sera publié en 1854 : « La Bouteille à la mer ». Finalement, l’expression « poèmes philosophiques » est retenue par Vigny. Le volume, achevé d’imprimer le 23 novembre 1863, paraît le 12 janvier 1864 ; il respecte l’ordre suivant : « Les Destinées », « La Maison du berger », « Les Oracles », « La Sauvage », « La Colère de Samson », « La Mort du loup », « La Flûte », « Le Mont des Oliviers », « La Bouteille à la mer », « Wanda », « L’Esprit pur ». Parallèlement à cette publication, « La Colère de Samson » paraît en revue.

L'ensemble de l'œuvre comprend environ deux mille vers en alexandrins. Les « Destinées », titre éponyme, à la fois du recueil et du poème qui l'ouvre, sont les filles du Destin qui font ployer l'homme et lui ôtent tout espoir : « Depuis le premier jour de la création, / Les pieds lourds et puissants de chaque Destinée, / Pesaient sur chaque tête et sur toute action. »

Le sous-titre du recueil, « Poèmes philosophiques », indique la nature profonde du message poétique : quel avenir pour l'homme dans un monde hostile et trop souvent sans Dieu ?

Structure de l'œuvre

Le plan du recueil, conçu dès 1847, est remanié plusieurs fois et ne trouve sa forme définitive, par la force des choses, qu’en 1863 ; le dernier texte, « L’Esprit pur » est achevé entre mars et mai 1863, peu avant la mort du poète.

Le premier de ces poèmes, chronologiquement parlant, « La Mort du loup », a eu sa mouture définitive le 31 octobre 1838.

« Les Destinées », ainsi que « Le Mont des Oliviers » posent, sous deux angles différents, la question métaphysique. Vigny s’interroge tout d’abord sur la notion de fatalité telle qu’elle a été vécue, au long des siècles, selon les civilisations et les religions, avant de conclure que le message du Christ n’a guère fait varier le déterminisme à quoi l’humanité reste soumise.

Dans la pièce « Le Mont des Oliviers » il y peint le Christ agonisant qui implore en vain son père : avec un lyrisme pathétique, Vigny fait ici du « divin fils » une créature toute humaine face à l'angoisse de la mort.

« La Flûte » est un chant de consolation adressé à un pauvre joueur de flûte ; il traite des faiblesses de notre condition limitée face aux virtualités illimitées de l’esprit. Pour l’auteur, l’homme qui constate ce hiatus sans renoncer à assumer « la majesté des souffrances humaines » n’en est que plus digne.

« La Mort du loup » dénonce la cruauté et la stupidité des hommes. Le poème s’ouvre sur une scène de chasse assez peu réaliste mais probablement enracinée dans le roman familial de Vigny. Considéré comme un des canons du poème philosophique, ce texte contient une leçon d’énergie en même temps qu’une longue méditation morale sur la mort et sur le stoïcisme aristocratique qu’il convient de lui opposer.

« La Colère de Samson » illustre la traîtrise des femmes, qui voue tout amour à l'échec. Depuis sa publication, la pièce a été critiquée, sans doute à cause de l’opposition un peu manichéenne « Entre la bonté d’Homme et la ruse de Femme » ( ce qui rappelle l’épisode biblique de Samson et Dalila).

« La Maison du berger » célèbre la compassion amoureuse, fondée sur une tendresse réciproque. La pièce met en scène une autre figure féminine, sous les traits idéalisés d’une mystérieuse « Éva » qui est présentée comme le principal recours de l’homme face aux rigueurs de sa condition. Cette « Éva » symbolise donc la femme idéale, l'envers lumineux de Dalila (qui a usé et abusé de la naïveté de Samson).

« Les Oracles » se résume à une longue diatribe contre la démocratie : « Toute démocratie est un désert de sable. » ; « La Sauvage » consacre les vertus de la charité chrétienne et « Wanda » évoque l'amour sans fin d'une femme qui suit son époux déporté en Sibérie et y meurt. Ces poèmes ont une visée commune : celle d’exprimer la pensée politique de leur auteur.

Dans « La Bouteille à la mer », Vigny exalte encore la force de la volonté tendue jusqu'à la mort, le cap maintenu sans savoir jamais si le vaisseau atteindra un havre de paix.

 « L’Esprit pur », consacre la supériorité de l'esprit sur l'action, et exprime l'aspiration du poète à l'éternelle renommée : « ... Puissent mes destinées/ Vous amener à moi, de dix en dix années, / Attentifs à mon œuvre, et pour moi c'est assez ! ».

« La Bouteille à la mer » et « L’Esprit pur » se font écho et se complètent, liés qu’ils sont par la réflexion du poète sur la supériorité de l’œuvre d’art et sur les conditions de sa transmission à travers le temps. Ces deux textes, à cause de la confiance en l’homme et en l’avenir qu’ils manifestent, dépassent l’angoisse métaphysique que contient, par endroits, le recueil.

Portée esthétique et idéologique

Les Destinées est considéré comme l'un des recueils les plus importants et les plus représentatifs du XIXe siècle. En raison de la forme de ces poèmes, et notamment du choix des symboles qui préside à leur rédaction, Vigny précède parfois son contemporain Charles Baudelaire. Il annonce le symbolismeStéphane Mallarmé, ainsi que, d’une manière peut-être encore plus nette, Paul Valéry

Sur le plan philosophique, Les Destinées trouveront une filiation, certes limitée à quelques-uns de leurs aspects, dans l’humanisme athée du XXe siècle.

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