Le plan du recueil, conçu dès 1847, est remanié plusieurs fois et ne trouve sa forme définitive, par la force des choses, qu’en 1863 ; le dernier texte, « L’Esprit pur » est achevé entre mars et mai 1863, peu avant la mort du poète.
Le premier de ces poèmes, chronologiquement parlant, « La Mort du loup », a eu sa mouture définitive le 31 octobre 1838.
« Les Destinées », ainsi que « Le Mont des Oliviers » posent, sous deux angles différents, la question métaphysique. Vigny s’interroge tout d’abord sur la notion de fatalité telle qu’elle a été vécue, au long des siècles, selon les civilisations et les religions, avant de conclure que le message du Christ n’a guère fait varier le déterminisme à quoi l’humanité reste soumise.
Dans la pièce « Le Mont des Oliviers » il y peint le Christ agonisant qui implore en vain son père : avec un lyrisme pathétique, Vigny fait ici du « divin fils » une créature toute humaine face à l'angoisse de la mort.
« La Flûte » est un chant de consolation adressé à un pauvre joueur de flûte ; il traite des faiblesses de notre condition limitée face aux virtualités illimitées de l’esprit. Pour l’auteur, l’homme qui constate ce hiatus sans renoncer à assumer « la majesté des souffrances humaines » n’en est que plus digne.
« La Mort du loup » dénonce la cruauté et la stupidité des hommes. Le poème s’ouvre sur une scène de chasse assez peu réaliste mais probablement enracinée dans le roman familial de Vigny. Considéré comme un des canons du poème philosophique, ce texte contient une leçon d’énergie en même temps qu’une longue méditation morale sur la mort et sur le stoïcisme aristocratique qu’il convient de lui opposer.
« La Colère de Samson » illustre la traîtrise des femmes, qui voue tout amour à l'échec. Depuis sa publication, la pièce a été critiquée, sans doute à cause de l’opposition un peu manichéenne « Entre la bonté d’Homme et la ruse de Femme » ( ce qui rappelle l’épisode biblique de Samson et Dalila).
« La Maison du berger » célèbre la compassion amoureuse, fondée sur une tendresse réciproque. La pièce met en scène une autre figure féminine, sous les traits idéalisés d’une mystérieuse « Éva » qui est présentée comme le principal recours de l’homme face aux rigueurs de sa condition. Cette « Éva » symbolise donc la femme idéale, l'envers lumineux de Dalila (qui a usé et abusé de la naïveté de Samson).
« Les Oracles » se résume à une longue diatribe contre la démocratie : « Toute démocratie est un désert de sable. » ; « La Sauvage » consacre les vertus de la charité chrétienne et « Wanda » évoque l'amour sans fin d'une femme qui suit son époux déporté en Sibérie et y meurt. Ces poèmes ont une visée commune : celle d’exprimer la pensée politique de leur auteur.
Dans « La Bouteille à la mer », Vigny exalte encore la force de la volonté tendue jusqu'à la mort, le cap maintenu sans savoir jamais si le vaisseau atteindra un havre de paix.
« L’Esprit pur », consacre la supériorité de l'esprit sur l'action, et exprime l'aspiration du poète à l'éternelle renommée : « ... Puissent mes destinées/ Vous amener à moi, de dix en dix années, / Attentifs à mon œuvre, et pour moi c'est assez ! ».
« La Bouteille à la mer » et « L’Esprit pur » se font écho et se complètent, liés qu’ils sont par la réflexion du poète sur la supériorité de l’œuvre d’art et sur les conditions de sa transmission à travers le temps. Ces deux textes, à cause de la confiance en l’homme et en l’avenir qu’ils manifestent, dépassent l’angoisse métaphysique que contient, par endroits, le recueil.