Par ailleurs, le théâtre moderne fait la satire des mœurs politiques et sociales. Les dramaturges dénoncent la corruption, l’instabilité et la violence. L’appétit du pouvoir, noté chez la Classe politique fera l’objet de critiques sévères avec Bernard Dadié dans Monsieur Thogo-Gnini, Maxime Ndébéka et Aimé Césaire, successivement dans Le Président et La Tragédie du Roi Christophe.
Dans le théâtre moderne, cette satire est une forme d’engagement. Il s’agit d’avertir la société sur les dangers qui la guettent avec l’avènement de la civilisation industrielle. Ces dangers ont pour noms aliénation, dépersonnalisation, complexe d’infériorité. La satire aussi vise certaines coutumes anachroniques, le mythe des diplômes, l’exode rural, les conflits qui surgissent entre tradition et modernité. Guillaume Oyono Mbia, Francis Bebey, Wolé Soyinka dénoncent ces pratiques respectivement dans Trois prétendants, un mari, Le Fils d’Agatha Moudio, Le Lion et la perle. Lorsque la tradition affronte le modernisme, il peut en naître des comportements ridicules. Oyono Mbia s’attaque à l’aliénation culturelle en fustigeant ceux qui se disent « évolués » au point de renier leur propre identité dans la pièce Notre Fille ne se mariera pas.
En définitive, les dramaturges négro-africains, ont su donner au théâtre moderne une empreinte nationaliste à travers la peinture de figures historiques exemplaires mais aussi en faisant une satire sans complaisance des mœurs socio-politiques de leur époque.