Le roman fait partie des genres littéraires introduits en Afrique par la colonisation. Dès le début du XXe siècle, les africains ont commencé à pratiquer ce genre littéraire imité de la littérature occidentale. Il faut d’emblée souligner l’importance du déterminisme historique dans l’orientation de la création littéraire en Afrique. C’est ainsi que le roman négro-africain peut être divisé en quatre périodes fondamentales : de 1920 à 1945, de 1945 à 1960, de 1960 à 1990 et de 1990 à nos jours.
Première période : de 1920 à 1945
À partir de 1920, l’administration coloniale et le mouvement africaniste (constitué de savants et de chercheurs) vont encadrer les Africains et les encourager à écrire eux-mêmes pour redresser cette image superficielle et fausse de l’Afrique véhiculée par le roman colonial, mais également pour donner des sources de renseignements authentiques sur les peuples africains.
On peut distinguer principalement trois courants de création qui vont refléter ce souci de documentation et de témoignage :
- Le roman de mœurs sociales avec Mapathé Diagne (Les Trois volontés de Malic, 1920) ; Bakary Diallo (Force-Bonté, 1926) ; Ousmane Socé Diop (Karim, 1936) ;
- Le roman historique avec Paul Hazoumé (Doguicimi, 1938) ;
- Le roman anticolonialiste avec René Maran (Batouala, 1921) ;
- Le roman de l’aventure européenne avec Ousmane Socé Diop (Mirages de Paris, 1937)
Deuxième période : de 1945 à 1960
Le courant romanesque dominant cette période est le roman anticolonialiste, roman engagé, subversif qui dénonce les méfaits de la colonisation avec Eza Boto (Ville cruelle, 1954) ; Ferdinand Oyono (Une Vie de boy, 1954 et le Vieux nègre et la médaille, 1956) ; Ousmane Sembène (Les Bouts de bois de Dieu, 1960) ; Chinua Achebe (Le Monde s’effondre, 1958), etc.
Par ailleurs, il y a une continuité des autres courants comme : le roman de l’aventure européenne avec Ferdinand Oyono (Chemins d’Europe, 1960) ; Bernard Dadié (Un nègre à Paris, 1959 et Climbié, 1956) ; le roman de mœurs sociales avec Camara Laye (L’Enfant noir, 1954) qui introduit l’autobiographie ; Abdoulaye Sadji (Nini, mulâtresse du Sénégal, 1947 et Maïmouna, 1953) ; le roman historique avec Nazi Boni (Le crépuscule des temps anciens, 1962).
Troisième période : de 1960 à 1990
Les romanciers africains vont rester les témoins attentifs à l’évolution de la situation du continent.
Le roman de mœurs sociales se développe avec de nouveaux écrivains, et surtout l’irruption de romancières de talent : Cheik Aliou Ndao (Buur Tillen, roi de Médina (1970)) ; Aminata Sow Fall (La Grève des Battù, 1978) ; Mariama Ba (Une si longue lettre, 1980) ; Ken Bugul (Le Baobab fou, 1982), etc.
Le roman du procès des Indépendances (ou romans de mœurs politiques) se substitue au roman anticolonialiste avec Alioum Fantouré (Le Cercle des Tropiques, 1973) ; Ousmane Sembène (Xala, 1974) ; Ahmadou Kourouma (Les soleils des Indépendances, 1970) ; Soni Labou Tansi (La Vie et demie, 1979) ; Amadou Hampathé Ba (L’Etrange destin de Wangrin, 1973), etc.
Le roman de l’aventure européenne subsiste avec Cheikh Hamidou Kane (L’aventure ambiguë, 1961) ; Camara Laye (Dramouss, 1966), etc.
Le roman historique connaît également un net développement : Boubacar Boris Diop (Le Temps de Tamango, 1981) ; Mamadou Seyni M’bengue (Le Royaume de sable, 1976), etc.
Le roman autobiographique se développe avec Nafissatou Niang Diallo (De Tilène au Plateau, 1975), etc.
Quatrième période : de 1990 à nos jours
Tous les courants traditionnels se maintiennent toujours :
- Le roman historique : Boubacar Boris Diop (Les tambours de la mémoire, 1991) ; Tierno Monenembo (Roi de Kahel, 2008)
- Le roman de mœurs sociales : Aminata Sow Fall (Le jujubier de patriarche, 1993), Sokhna Benga (La balade du sabador, 2000), etc.
- Le roman autobiographique avec William Sassine (Mémoire d’une peau, 1998), entre autres.
- Le roman de mœurs politiques : Djibril Diallo Falémé (Indépen-danses, 2009).