Corrigé Sujet 2 ESH Ecricome 2025 : quelles sont les limites de la responsabilité des entreprises ?
La question de la responsabilité des entreprises occupe aujourd’hui une place centrale dans les débats publics, économiques et politiques. Le sujet 2 d’ESH Ecricome 2025 t’invitait à prendre de la hauteur sur cette notion, souvent évoquée mais rarement interrogée dans sa profondeur. L’enjeu ? Comprendre ce que l’on attend réellement des entreprises aujourd’hui… et ce qu’elles peuvent raisonnablement assumer.
Dans cet article, on te propose une analyse approfondie, un plan structuré, des auteurs incontournables, des exemples d’actualité, et surtout des clés pour progresser en vue du concours BCE.
Comprendre la formulation du sujet : une invitation à la nuance
Sujet : Quelles sont les limites de la responsabilité des entreprises ?
Il ne s’agit pas ici de décrire ce qu’est la RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises), mais bien d’analyser jusqu’où elle peut aller… et pourquoi elle s’arrête souvent en chemin.
Le mot "limites" est central :
- Limites structurelles (logique de profit, gouvernance, droit des affaires),
- Limites sociales et politiques (désengagement des États, attentes contradictoires),
- Limites symboliques (instrumentalisation de la RSE, greenwashing, etc.).
Problématique possible
Si la responsabilité des entreprises tend à s’élargir sous la pression sociétale, environnementale et politique, elle demeure encadrée, contestée, voire détournée. Jusqu’où peut-on réellement compter sur les entreprises pour prendre en charge des enjeux qui dépassent leur fonction économique initiale ?
Plan détaillé et structuré
I. Une responsabilité historiquement restreinte à l’objectif de profit
Transition : Il faut d’abord rappeler que l’entreprise, dans sa forme capitaliste traditionnelle, a été pensée comme un acteur économique, non comme un acteur moral ou politique.
A. Le profit comme finalité centrale
- Friedman (1970) : « The business of business is business ».
- Rôle de l’entreprise : produire, vendre, générer du profit tout autre engagement est vu comme hors de son périmètre.
B. Un cadre juridique permissif
- Optimisation fiscale, externalisation, arbitrage réglementaire entre pays.
- L’entreprise respecte le droit, mais le droit lui-même peut limiter les responsabilités imposables.
C. L’action sociale, une initiative minoritaire et encadrée
- Cas du paternalisme industriel (Owen, Ford) : exception plus que norme.
- Actions sociales souvent guidées par des objectifs de productivité ou d’image, pas par l’intérêt général.
II. Une extension apparente du périmètre de responsabilité depuis les années 1980
Transition : Face à l’intensification des crises (écologiques, sociales, sanitaires…), de plus en plus d’acteurs attendent que l’entreprise devienne un acteur éthique, durable et inclusif. Est-ce vraiment le cas ?
A. L’essor de la RSE et des entreprises à mission
- Freeman (1984) : théorie des parties prenantes (stakeholders).
- Législation récente (loi Pacte 2019) : entreprises à mission, objectifs sociaux et environnementaux.
- Création d’indicateurs extra-financiers (ESG, B Corp).
B. Nouvelles attentes des consommateurs et des salariés
- Getz (2017) : entreprise libérée = meilleure performance par le bien-être salarié.
- Inclusion, écologie, parité deviennent des critères de choix, voire de réputation.
C. Mais une posture souvent instrumentale
- Monsellato (2024) : la RSE peut devenir un simple outil marketing.
- Cas Danone, Shell, Orpea : des entreprises qui communiquent sur leur responsabilité… mais la contredisent dans leurs pratiques.
III. Des limites persistantes : entre contradictions internes et contraintes externes
Transition : Cette apparente évolution ne doit pas masquer la persistance de limites fortes, qu’elles soient économiques, juridiques ou managériales.
A. Une responsabilité difficilement mesurable
- Charbonnier (2023) : obsession des indicateurs → risque de manipulation.
- Absence de normes strictes = marge d’interprétation importante → greenwashing.
B. Une gouvernance toujours centrée sur l’actionnaire
- Hatchuel & Ségrestin (2012) : gouvernance actionnariale vs. intérêt général.
- Artus & Virard (2022) : court-termisme, pression des marchés.
C. Une contradiction systémique : peut-on être rentable, responsable et compétitif à la fois ?
- Pigou (1920) : coût social des externalités.
- L’exemple Danone-Faber : tensions entre attentes sociétales et rentabilité financière.
Ce qu’il fallait mobiliser pour briller
- Auteurs : Friedman, Freeman, Getz, Hatchuel & Ségrestin, Monsellato, Artus.
- Notions : RSE, parties prenantes, gouvernance, externalités, entreprise à mission.
- Exemples : Danone, Orpea, TotalEnergies, Patagonia.
- Problématique : tension entre logique économique et logique sociale/environnementale.
Ce qu’il valait mieux éviter
- Se contenter de définir la RSE sans l’interroger.
- Lister des actions "responsables" sans recul critique.
- Proposer un plan descriptif et linéaire (type : définition → historique → avantages/inconvénients).
- Oublier la notion de "limites" au profit d’un simple plaidoyer.
Les leçons à tirer pour le concours BCE
Ce sujet est une opportunité précieuse pour t’entraîner à :
- Travailler les termes à double sens ("responsabilité", "limites"),
- Mobiliser des exemples concrets issus de l’actualité économique ou de tes lectures personnelles,
- Confronter différentes logiques (économique, éthique, managériale, environnementale) dans une seule dissertation,
- Améliorer ta capacité à structurer une pensée nuancée, qui va au-delà du pour/contre.
Il te permet aussi de préparer les épreuves d’économie approfondie, d’oral de culture générale, et même d’entretien de motivation (tu peux parler de ces enjeux en entretien !).
Ressources Nomad pour progresser
- Cours d’ESH – prépa ECG
- Méthodologie de la dissertation
- Quiz interactifs sur les notions économiques
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Pour aller plus loin
- Sujet 1 ESH 2025 : pouvoir d’achat, instrument ou objectif ?
- Tous les sujets d’ESH Ecricome 2025
- Annales corrigées d’ESH - Nomad Education