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Sujets et Corrigés du Bac de Français 2025


Tu passes le bac de français cette année ? Tu es au bon endroit. Sur cette page, tu pourras retrouver tous les sujets officiels dès la fin de l'épreuve et leurs corrigés complets, que tu sois en voie générale ou technologique.

 

Les Sujets du Bac de Français 2025 

 

Voie générale

 

 

 

Voie technologique 

 

 

 


Les corrigés du Bac de Français 2025 

 

Voici une proposition de corrigé, d'autres réponses peuvent également convenir.

 

COMMENTAIRE DE TEXTE - ÉLÉMENTS DE CORRECTION

Barbey d'Aurevilly, L'Ensorcelée, chapitre 1 (1854)

ANALYSE PRÉLIMINAIRE DU TEXTE

Contexte : Incipit romanesque présentant le cadre géographique de l'action. Barbey d'Aurevilly, écrivain normand et catholique, appartient au mouvement romantique tardif avec une forte dimension fantastique.

Enjeux du passage : Mise en place d'un décor qui dépasse la simple fonction informative pour devenir un véritable personnage romanesque inquiétant.

Registres dominants : Descriptif → épique → fantastique

CONSEIL D'ANALYSE : Ne vous contentez pas de nommer les figures de style. Analysez leur effet sur le lecteur et leur fonction dans la progression du texte.

 

PROBLÉMATIQUE ATTENDUE

Comment Barbey d'Aurevilly transforme-t-il un paysage géographique normand en espace romanesque inquiétant, opérant un glissement progressif du réalisme vers le fantastique ?

Problématique alternative : Comment l'auteur construit-il progressivement une atmosphère d'inquiétude à partir d'une description géographique ?

 

Introduction : 

En 1854, Barbey d'Aurevilly publie L'Ensorcelée, roman qui s'inscrit dans la veine du romantisme fantastique français. Écrivain normand passionné par les légendes de sa région, Barbey d'Aurevilly développe une esthétique singulière où le réalisme géographique bascule progressivement vers le surnaturel. Le passage étudié, extrait du premier chapitre, présente la lande de Lessay, vaste étendue désertique située entre la Haie-du-Puits et Coutances. Cette description liminaire dépasse la simple fonction informative du cadre romanesque : elle révèle d'emblée la poétique de l'auteur qui transforme un paysage familier en territoire inquiétant. Comment Barbey d'Aurevilly transforme-t-il un paysage géographique normand en espace romanesque inquiétant, opérant un glissement progressif du réalisme vers le fantastique ? L'analyse révélera d'abord l'ancrage documentaire précis dans la géographie normande, puis la transfiguration épique de ce paysage ordinaire, enfin le basculement définitif vers une dimension fantastique où l'imaginaire triomphe de la réalité.

 

PLAN DÉTAILLÉ

I. UN ANCRAGE RÉALISTE DANS LA GÉOGRAPHIE NORMANDE

A. La précision topographique et documentaire

Éléments textuels que vous pouvez analyser dans ce texte :

  • « Placé entre la Haie-du-Puits et Coutances »
    • Procédé : Références géographiques vérifiables
    • Effet : Ancrage référentiel, effet de réel balzacien
    • Analyse : Création d'un pacte de lecture réaliste
  • « sept lieues de tour », « plus d'une couple d'heures »
    • Procédé : Notations métriques précises, lexique technique
    • Effet : Scientificité de la description
    • Analyse : Dimension quasi-cartographique qui authentifie le récit

B. L'ethnologie des mœurs normandes

Éléments textuels que vous pouvez analyser dans ce texte :

  • « Dans l'opinion de tout le pays, c'était un passage redoutable »
    • Procédé : Discours indirect libre, généralisation (« tout le pays »)
    • Effet : Universalisation de la peur collective
    • Analyse : L'auteur se fait sociologue de sa région
  • « on s'associait plusieurs pour passer la terrible lande »
    • Procédé : Pronom indéfini, imparfait d'habitude, épithète de nature
    • Effet : Ritualisation sociale de la prudence
    • Analyse : Sagesse populaire face au danger géographique

 

II. LA TRANSFIGURATION ÉPIQUE DU PAYSAGE

CONSEIL MÉTHODOLOGIQUE : Montrez la progression : le réalisme ne disparaît pas mais se charge de valeurs symboliques et dramatiques.

A. L'amplification héroïque de la nature

Éléments textuels que vous pouvez analyser dans ce texte :

  • « déployait une grandeur de solitude et de tristesse désolée »
    • Procédé : Personnification ("déployait"), oxymore, hyperbole
    • Effet : Ennoblissement pathétique du paysage
    • Analyse : La lande devient actrice dramatique, elle « déploie » une stratégie émotionnelle
  • « Il aurait été difficile de choisir une place plus commode pour détrousser un voyageur »
    • Procédé : Litote ironique, euphémisme grinçant
    • Effet : Complicité maléfique de la nature
    • Analyse : La géographie devient complice naturelle du crime

B. L'héroïsation de l'homme face à l'immensité hostile

Éléments textuels que vous pouvez analyser dans ce texte :

  • « les hommes, en très petit nombre, il est vrai, qui avaient passé seuls »
    • Procédé : Restriction admirative, exploit valorisé
    • Effet : Création de héros modernes
    • Analyse : Ces hommes deviennent des preux chevaliers affrontant un dragon géographique
  • « un si vaste silence aurait dévoré tous les cris »
    • Procédé : Métaphore anthropophage, synesthésie inquiétante
    • Effet : Monstruosité de l'espace
    • Analyse : Le silence devient prédateur, préfiguration fantastique

 

III. LE BASCULEMENT VERS LE FANTASTIQUE

CONSEIL MÉTHODOLOGIQUE : Montrez que le fantastique naît du réalisme par amplification progressive, sans rupture brutale.

A. L'émergence du surnaturel par la rumeur collective

Éléments textuels que vous pouvez analyser dans ce texte :

  • « On parlait vaguement d'assassinats qui s'y étaient commis à d'autres époques »
    • Procédé : Modalisation incertaine (« vaguement »), flou temporel
    • Effet : Création d'une légende noire
    • Analyse : Le fantastique s'insinue par l'imprécision de la mémoire collective
  • « Dans le langage du pays, il y revenait »
    • Procédé : Euphémisme, italiques, pronom mystérieux sans antécédent
    • Effet : Entrée officielle dans le surnaturel
    • Analyse : L'indétermination grammaticale mime l'indétermination fantastique

B. Le triomphe de l'imaginaire sur la réalité

Éléments textuels que vous pouvez analyser dans ce texte :

  • « l'imagination continuera d'être, d'ici longtemps, la plus puissante réalité »
    • Procédé : Paradoxe, futur, maxime d'auteur
    • Effet : Philosophie de l'imaginaire
    • Analyse : Poétique fantastique de Barbey : l'imagination surpasse le réel
  • « faisait trembler le pied de frêne dans la main du plus vigoureux gaillard »
    • Procédé : Métonymie, superlatif, contraste saisissant
    • Effet : Victoire définitive de l'irrationnel
    • Analyse : L'arme elle-même tremble, contamination de la peur

 

CONCLUSION 

Synthèse : Barbey d'Aurevilly opère une transformation progressive mais maîtrisée d'un paysage géographique en espace romanesque inquiétant. Cette métamorphose révèle son art de faire naître le fantastique du réalisme le plus précis.

Ouverture : Ce texte annonce la poétique de L'Ensorcelée où le quotidien normand bascule dans le surnaturel, caractéristique du romantisme fantastique français, comme dans les contes fantastiques de Maupassant.

 

DISSERTATION - Sujet 1

Œuvre : Pierre Corneille, Le Menteur 

Sujet : « Selon vous, dans la comédie Le Menteur, l'art du mensonge est-il toujours maîtrisé ? »

Reformulation : Cette question vous demande d'analyser si Dorante contrôle parfaitement ses mensonges ou s'il finit par être dépassé par eux.

 

INTRODUCTION

Dans Le Menteur (1644), Corneille met en scène Dorante, jeune homme fraîchement arrivé de Poitiers à Paris, qui fait du mensonge sa principale arme de séduction. Dès ses premières rencontres, il se présente comme un héros des guerres d'Allemagne et multiplie les récits fabuleux pour conquérir les belles parisiennes. Cette comédie explore les ressorts et les limites de la tromperie galante à travers un personnage qui semble d'abord parfaitement maîtriser ses artifices. Cependant, la question se pose de savoir si cette apparente virtuosité résiste à l'épreuve du temps et des circonstances. L'art du mensonge est-il toujours maîtrisé ? Si Dorante déploie initialement une véritable technique du mensonge comme stratégie de séduction consciente et réfléchie, cette maîtrise révèle ensuite progressivement ses failles face à l'accumulation des contradictions, jusqu'à ce que les mensonges échappent totalement à leur auteur et ne trouvent leur résolution que dans un dénouement providentiel.

 

PLAN DÉTAILLÉ

I. Dorante maîtrise initialement l'art du mensonge comme une véritable technique de séduction

CONSEIL MÉTHODOLOGIQUE : Montrez d'abord comment Dorante fait du mensonge un art conscient et réfléchi, avec ses règles et ses objectifs.

A. Dorante théorise le mensonge comme une stratégie galante efficace

  • Acte I, scène 6, vers 332-344 : « On s'introduit bien mieux à titre de vaillant : / Tout le secret ne gît qu'en un peu de grimace, / À mentir à propos, jurer de bonne grâce, / Étaler force mots qu'elles n'entendent pas, / Faire sonner Lamboy, Jean de Vert, et Galas [...] Et tel, à la faveur d'un semblable débit, / Passe pour homme illustre, et se met en crédit. »
    • Dorante expose une véritable théorie du mensonge avec méthode et technique précise. L'expression « à propos » montre la maîtrise du moment opportun.
  • Acte I, scène 6, vers 320 : « J'en montre plus de flamme, et j'en fais mieux ma cour. »
    • Le mensonge a une fonction stratégique claire : augmenter son pouvoir de séduction
  • Acte II, scène 6, vers 691 et 694 : « Oh ! L'utile secret que mentir à propos ! [...] Et tu ne viens d'ouïr qu'un trait de gentillesse »
    • Dorante revendique son habileté et qualifie ses mensonges de « gentillesse », montrant qu'il en est fier

B. Dorante adapte ses mensonges aux circonstances avec une grande dextérité

  • Acte I, scène 3, vers 153-166 : Mensonge des guerres d'Allemagne : « C'est l'effet du malheur qui partout m'accompagne. / Depuis que j'ai quitté les guerres d'Allemagne [...] Et durant ces quatre ans / Il ne s'est fait combats, ni sièges importants, / Nos armes n'ont jamais remporté de victoire, / Où cette main n'ait eu bonne part à la gloire »
    • Mensonge élaboré et cohérent pour impressionner Clarice, avec détails précis et crédibles
  • Acte I, scène 5, vers 252-296 : Description du festin sur l'eau avec « cinq bateaux », « quatre chœurs de musique », « douze plats, et qu'on fit six services »
    • Improvisation brillante face aux questions d'Alcippe, mensonge détaillé et spectaculaire
  • Acte II, scène 5, vers 594-676 : Récit du faux mariage avec Orphise comprenant la montre, le pistolet et l'épée brisée
    • Mensonge complexe et romanesque pour éviter le mariage avec Clarice, montrant une grande inventivité 

II. Mais cette maîtrise devient progressivement fragile car les mensonges s'accumulent et se contredisent

A. Les incohérences révèlent les limites de sa technique

  • Acte IV, scène 4, vers 1250-1256 : « GÉRONTE. Il s'appelle ? DORANTE. Pyrandre. GÉRONTE. Pyrandre ! Tu m'as dit tantôt un autre nom : / C'était, je m'en souviens, oui, c'était Armédon. DORANTE. Oui, c'est là son nom propre, et l'autre d'une terre »
    • Dorante est pris en flagrant délit de contradiction et doit improviser une explication bancale
  • Acte IV, scène 1, vers 1260 : « CLITON. Il faut bonne mémoire après qu'on a menti. »
    • Cliton souligne la difficulté croissante à maintenir la cohérence des mensonges
  • Acte III, scène 5, vers 995-1020 : Face à Clarice/Lucrèce qui le confronte à ses contradictions, Dorante doit multiplier les explications : « De ces inventions chacune a sa raison »
    • Il tente de justifier ses incohérences mais peine à convaincre

B. L'entourage commence à percer ses artifices

  • Acte III, scène 2, vers 804-828 : « PHILISTE. [...] Il vint hier de Poitiers, et sans faire aucun bruit, / Chez lui paisiblement a dormi toute nuit. ALCIPPE. Quoi ! Sa collation... PHILISTE. N'est rien qu'un pur mensonge »
    • Philiste dévoile la vérité sur le prétendu festin, montrant que les mensonges sont découverts
  • Acte IV, scène 5, vers 1476-1482 : « PHILISTE. [...] mais il a le talent de bien imaginer [...] Et si ce mariage est de même méthode, / La pièce est fort complète et des plus à la mode. »
    • Philiste met en garde Géronte avec ironie sur les « talents » de Dorante
  • Acte III, scène 5, vers 970-972 : « CLARICE. Et vous pensez encore que je vous croie ? [...] Un menteur est toujours prodigue de serments. »
    • Clarice a percé à jour sa nature de menteur et ne le croit plus

III. Finalement l'art du mensonge échappe totalement à Dorante et se retourne contre lui

A. Les mensonges deviennent incontrôlables et menacent ses projets amoureux

  • Acte V, scène 3, vers 1579-1600 : « GÉRONTE. Tu me fourbes encor [...] Je jure les rayons du jour qui nous éclaire / Que tu ne mourras point que de la main d'un père »
    • Même quand Dorante dit la vérité sur son amour pour Lucrèce, son père ne le croit plus à cause de ses mensonges passés
  • Acte IV, scène 3, vers 1174-1176 : « CLITON. [...] mais vous en contez tant, à toute heure, en tous lieux, / Qu'il faut bien de l'esprit avec vous, et bons yeux. »
    • Même son valet ne le croit plus, montrant l'effet destructeur de ses mensonges sur sa crédibilité
  • Acte V, scène 4, vers 1614-1632 : « DORANTE. [...] Si son père et le mien ne tombent point d'accord, / Tout commerce est rompu, je fais naufrage au port [...] Avec ce faux hymen j'aurais eu le loisir / De consulter mon cœur, et je pourrais choisir. »
    • Dorante reconnaît que ses mensonges l'ont enfermé dans une situation qu'il ne contrôle plus

B. Seul un hasard miraculeux permet le dénouement heureux

  • Acte V, scène 7, vers 1777-1780 : « DORANTE. Si mon père à présent porte parole au vôtre, / Après son témoignage, en voudrez-vous quelque autre ? LUCRÈCE. Après son témoignage il faudra consulter / Si nous aurons encore quelque lieu d'en douter. »
    • Le mariage ne se fait que grâce à l'intervention providentielle du père, pas grâce à l'art de Dorante
  • Acte V, scène 7, vers 1801-1804 : « CLITON, seul. Comme en sa propre fourbe un menteur s'embarrasse ! / Peu sauraient comme lui s'en tirer avec grâce. / Vous autres qui doutiez s'il en pourrait sortir, / Par un si rare exemple apprenez à mentir. »
    • La morale finale est ironique : Cliton souligne que Dorante s'est « embarrassé » dans ses mensonges et que son succès tient du miracle (« rare exemple »)

 

CONCLUSION

Réponse à la problématique : L'art du mensonge n'est pas toujours maîtrisé par Dorante. S'il démontre initialement une véritable virtuosité technique, ses mensonges finissent par lui échapper et le mettent en péril. Son succès final tient plus du hasard providentiel que de sa maîtrise.

 

DISSERTATION - Sujet 2

Alfred de Musset, On ne badine pas avec l’amour 

Sujet : « Les personnages s'affrontent-ils sérieusement dans On ne badine pas avec l'amour ? »

Reformulation : Cette question vous demande d'analyser si les conflits entre personnages sont véritablement graves ou s'ils restent dans le registre du jeu et de la légèreté.

 

INTRODUCTION

Dans On ne badine pas avec l'amour, comédie-drame de 1834, Alfred de Musset met en scène les retrouvailles de deux jeunes gens, Perdican et Camille, que leurs familles destinent au mariage. Mais ces retrouvailles tournent rapidement aux affrontements : refus, provocations, stratégies de séduction et de vengeance se succèdent entre les deux cousins. Ces conflits semblent d'abord relever du badinage mondain, ce jeu de l'esprit caractéristique de la comédie galante où l'on dissimule ses sentiments sous l'ironie et la coquetterie. Pourtant, le titre même de la pièce, avec sa formule sentencieuse On ne badine pas avec l'amour, suggère que ces jeux apparemment légers cachent des enjeux plus graves. Dès lors, une question se pose : les personnages s'affrontent-ils sérieusement dans cette œuvre, ou demeurent-ils dans le registre du divertissement mondain ? L'analyse de l'évolution de ces conflits révèle que Musset opère un glissement progressif du comique vers le tragique. Si les personnages semblent d'abord ne pas s'affronter sérieusement mais jouer selon les codes du badinage mondain, ces affrontements deviennent progressivement plus graves car ils engagent l'orgueil et provoquent de vraies blessures, avant de basculer définitivement dans le sérieux tragique lorsqu'ils mènent à la mort et à la séparation finale.

 

PLAN DÉTAILLÉ

I. Les personnages semblent d'abord ne pas s'affronter sérieusement mais jouer selon les codes du badinage mondain

A. Perdican et Camille reproduisent les codes galants du marivaudage sans véritable gravité

  • Acte I, scène 2 : « L'amitié ni l'amour ne doivent recevoir que ce qu'ils peuvent rendre »
    • Maxime précieuse révélant une conception théâtrale des sentiments
  • Acte II, scène 1 : « Te souviens-tu de nos parties sur le bateau ? [...] CAMILLE. Je n'en ai nulle envie. »
    • Refus systématique typique de la coquetterie galante
  • Acte II, scène 1 : « CAMILLE. Je suis bien aise que mon refus vous soit indifférent. PERDICAN. Il ne m'est point indifférent, Camille. Ton amour m'eût donné la vie, mais ton amitié m'en consolera. »
    • Échanges caractéristiques du marivaudage où chacun dissimule ses vrais sentiments sous l'ironie

B. Les personnages secondaires s'affrontent sur des sujets dérisoires qui relèvent de la pure comédie

  • Acte II, scène 2 : « Cette chaise que j'ai occupée si longtemps à la droite du baron sera la proie du gouverneur »
    • Rivalité ridicule pour une place à table qui appartient au registre comique
  • Acte I, scène 3 : « je prévois une lutte secrète entre le gouverneur et le curé. Tous deux sont armés d'une égale impudence ; tous deux ont pour ventre un tonneau »
    • Le Chœur souligne le caractère prévisible et trivial de cette rivalité
  • Acte I, scène 2 : « Le gouverneur de votre fils sent le vin à pleine bouche » / Acte II, scène 5 : « le curé de la paroisse est un ivrogne »
    • Accusations mutuelles créant un effet de miroir comique qui disqualifie leurs reproches 

II. Mais ces affrontements deviennent progressivement sérieux car ils engagent l'orgueil et provoquent de vraies blessures

A. L'orgueil transforme les échanges légers en véritables combats psychologiques

  • Acte III, scène 2 : « Cela était convenu entre les bonnes amies avant de partir du couvent. On a décidé que Camille allait revoir son cousin, qu'on voudrait le lui faire épouser, qu'elle refuserait, et que le cousin serait désolé »
    • Perdican découvre qu'il est instrumentalisé, transformant sa blessure en désir de vengeance
  • Acte III, scène 3 : « PERDICAN, à haute voix, de manière que Camille l'entende. Je t'aime, Rosette ! Toi seule au monde, tu n'as rien oublié de nos beaux jours passés »
    • Stratégie de vengeance calculée qui dépasse le simple jeu galant
  • Acte III, scène 6 : « N'as-tu pas souri tout à l'heure quand je t'ai dit que je n'avais pu aller à la fontaine ? Eh bien ! Oui, j'y étais et j'ai tout entendu »
    • Camille révèle brutalement son espionnage, adoptant les stratégies de l'affrontement direct 

B. Ces affrontements causent de véritables souffrances et impliquent une victime innocente

  • Acte III, scène 6 : « Elle lève la tapisserie ; Rosette paraît dans le fond, évanouie sur une chaise »
    • L'évanouissement marque l'entrée du corps souffrant dans un univers dominé par les jeux d'esprit
  • Acte III, scène 6 : « Tu as voulu te venger de moi, n'est-ce pas, et me punir d'une lettre écrite à mon couvent ? tu as voulu me lancer à tout prix quelque trait qui pût m'atteindre, et tu comptais pour rien que ta flèche empoisonnée traversât cette enfant, pourvu qu'elle me frappât derrière elle »
    • Métaphore guerrière révélant que les protagonistes mènent un véritable combat
  • Acte III, scène 7 : « Monseigneur, je viens vous demander une grâce. Tous les gens du village à qui j'ai parlé ce matin m'ont dit que vous aimiez votre cousine, et que vous ne m'avez fait la cour que pour vous divertir tous deux »
    • Rosette révèle sa lucidité douloureuse sur son instrumentalisation

III. Les affrontements deviennent définitivement sérieux car ils mènent à la mort et à la séparation tragique

A. Les personnages prennent conscience de la gravité mortelle de leurs affrontements

  • Acte III, scène 8 : « nous sommes deux enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort »
    • Reconnaissance explicite que leurs conflits touchent à la vie et à la mort
  • Acte III, scène 8 : « Il a bien fallu que la vanité, le bavardage et la colère vinssent jeter leurs rochers informes sur cette route céleste, qui nous aurait conduits à toi dans un baiser ! »
    • Perdican analyse rétrospectivement l'irréversibilité de leur échec amoureux
  • Acte III, scène 8 : « Orgueil, le plus fatal des conseillers humains, qu'es-tu venu faire entre cette fille et moi ? »
    • Apostrophe révélant l'identification de la force destructrice qui a transformé le badinage en tragédie

B. Le dénouement prouve définitivement le sérieux tragique de ces affrontements

  • Acte III, scène 8 : « CAMILLE. Elle est morte. Adieu, Perdican ! »
    • La mort de Rosette sanctionne la gravité de leurs jeux et sépare définitivement les protagonistes
  • Acte III, scène 8 : « Je vous en supplie, mon Dieu ! Ne faites pas de moi un meurtrier ! Vous voyez ce qui se passe ; nous sommes deux enfants insensés, et nous avons joué avec la vie et la mort »
    • Prière désespérée révélant la pleine acceptation de responsabilité dans un drame mortel
  • Contraste dramatique : « Oui, nous nous aimons, Perdican" suivi de "on entend un grand cri derrière l'autel »
    • La réconciliation amoureuse interrompue par la mort transforme définitivement la comédie en tragédie

 

CONCLUSION

Réponse à la problématique : Les personnages s'affrontent d'abord selon les codes légers du badinage, mais ces affrontements deviennent progressivement sérieux jusqu'à provoquer la mort et la tragédie finale. Musset démontre ainsi qu'on ne peut « badiner avec l'amour » sans conséquences graves, opérant un glissement du registre comique vers le tragique qui révèle la force destructrice des passions humaines.

 

DISSERTATION - Sujet 3

Œuvre : Nathalie Sarraute, Pour un oui ou pour un non 

SUJET : « Un critique remarque que, dans Pour un oui ou pour un non, « le dialogue est toujours, en fin de compte, un jeu dans lequel tous les coups sont permis. » Cette citation éclaire-t-elle votre lecture de la pièce ? »

 

INTRODUCTION

Dans Pour un oui ou pour un non (1982), Nathalie Sarraute met en scène deux amis de longue date dont l'un, H.2, reproche à l'autre, H.1, d'avoir prononcé « C'est bien... ça... » avec un certain ton condescendant. Cette blessure microscopique provoque une crise relationnelle majeure qui révèle les mécanismes secrets de la communication humaine. Pièce emblématique du « nouveau théâtre », l'œuvre explore les « tropismes », ces mouvements psychologiques invisibles qui régissent nos rapports sociaux. Un critique remarque que « le dialogue est toujours, en fin de compte, un jeu dans lequel tous les coups sont permis ». Cette analyse suggère que les échanges entre H.1 et H.2 relèvent d'une stratégie ludique où chaque interlocuteur chercherait à dominer l'autre par tous les moyens. Pourtant, la souffrance authentique des personnages et leur incapacité à maîtriser les mécanismes qu'ils déclenchent interrogent cette vision purement stratégique. Dès lors, cette citation éclaire-t-elle véritablement notre lecture de la pièce ? L'analyse révèle que si le dialogue semble d'abord un jeu stratégique sans règles, il révèle ensuite une souffrance qui dépasse le ludique, avant de dévoiler que les personnages sont prisonniers d'un « jeu » tragique qu'ils ne maîtrisent plus.

PLAN 

I. Le dialogue semble effectivement un jeu stratégique sans règles où tous les coups sont permis

A. Des stratégies d'attaque calculées et des manipulations psychologiques

  • H.1 : « Écoute, je voulais te demander... que s'est-il passé ? Qu'est-ce que tu as contre moi ? »
    • H1 adopte la fausse naïveté pour forcer H2 à se découvrir et prendre l'avantage
  • H.2 : « c'est plutôt que ce n'est rien... ce qui s'appelle rien... ce qu'on appelle ainsi »
    • H2 utilise la stratégie dilatoire pour inverser les rôles et transformer H1 en demandeur
  • H.2 : « Voilà... je vous présente... Je vous en prie... cela ne vous prendra pas longtemps »
    • L'appel aux témoins transforme le dialogue intime en tribunal public, stratégie d'amplification

B. L'utilisation sans limite de toutes les armes disponibles : ton, silence, interprétation

  • H.2 : « Il y avait entre « C'est bien » et « ça » un intervalle plus grand : « C'est biiiien... ça... », Un accent mis sur « bien »… un étirement »
    • L'analyse microscopique de l'intonation devient arme de destruction psychologique
  • H.2 : « Tu es dingue » / H.1 : « Non. Pas plus dingue que toi »
    • L'accusation de folie et la riposte immédiate révèlent l'absence de limites morales
  • H.1 : « Tu pourras trouver en bas, chez la papeterie, de jolies cartes postales... »
    • L'ironie cruelle utilisée comme coup porté dans un moment de vulnérabilité esthétique

II. Cette vision agonique (agon : combat) ne peut expliquer la souffrance authentique et l'incapacité des personnages à « rejouer »

A. Les personnages subissent plus qu'ils ne maîtrisent leurs propres stratégies

  • H.2 : « Rien qu'on puisse dire... rien dont il soit permis de parler... On ne sait pas comment ils vous viennent... »
    • La fragmentation du discours révèle une perte de contrôle sur les mécanismes déclenchés
  • H.2 : « c'est à cause de ce rien... Tu ne comprendras jamais... Personne, du reste, ne pourra comprendre... »
    • L'isolement communicationnel dépasse le registre du jeu volontaire
  • H.1 et H.2 : « À quoi bon s'acharner ? » / « Ce serait tellement plus sain... » / « La meilleure solution... »
    • L'épuisement final révèle des enjeux vitaux qui dépassent la dimension ludique

B. L'impossibilité de sortir du conflit révèle un piège existentiel, non un jeu maîtrisé

  • H.2 : « C'est un combat sans merci. Une lutte à mort. Oui, pour la survie »
    • Le vocabulaire guerrier révèle l'enjeu existentiel qui dépasse le simple « jeu »
  • H.1 : « Même toi, tu n'as pas osé le prendre sur toi » / H.2 : « J'ai besoin qu'on m'autorise »
    • L'incapacité à rompre révèle une prison psychologique, non une liberté ludique
  • H.1 : « pour un oui ou pour un non... on ne le revoit plus »
    • La répétition pathologique chez H2 échappe à sa volonté et révèle une compulsion

III. Le dialogue révèle un « jeu » tragique de l'incommunication où les personnages sont à la fois joueurs et joués

A. Un « « jeu » dont les règles échappent aux joueurs et révèle l'inconscient linguistique

  • H.2 : « nous sommes dans deux camps adverses. Deux soldats de deux camps ennemis »
    • Les personnages découvrent qu'ils incarnent des forces qui les dépassent
  • H.1 : « Quels camps ? Ils ont un nom » / H.2 : « Ah, les noms, ça c'est pour toi »
    • L'opposition révèle deux rapports au monde inconciliables et universels
  • H.1 :« "Il faut absolument qu'on sache à quoi s'en tenir. Comme ça on est tranquille »
    • Le besoin de classification révèle l'angoisse existentielle face à l'inclassable

B. Sarraute révèle la condition humaine comme impossibilité tragique de la vraie communication

  • H.2 : « Oui ou non ? » / H.1 : « Ce n'est pourtant pas la même chose... » / H.2 : « En effet. Oui. Ou non. » / H.1 : « Oui. » / H.2 : « Non ! »
    • La fin révèle l'irréductible opposition qui condamne tout dialogue à l'échec
  • Le Chœur social : « Rompt pour un oui ou pour un non »
    • L'universalité du phénomène dépasse les individus et révèle une loi anthropologique
  • La structure circulaire de la pièce
    • L'absence de résolution révèle que le « jeu » est en réalité un mécanisme tragique infini

CONCLUSION

La citation éclaire partiellement la pièce en révélant les mécanismes stratégiques du dialogue, mais doit être dépassée. Sarraute dévoile que ce qui semble un « jeu » est en réalité un piège tragique de l'incommunication où les personnages, prisonniers des mécanismes du langage, révèlent l'impossibilité fondamentale de la vraie rencontre entre les consciences.

 


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